Pèlerinage Shikoku - Kochi-ken
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Jour 3 (T23 à T26, 122 km)
Me voilà tout frais et propre pour un nouveau départ. Avec 内田さん on se rend au temple pour 6h, puis on déjeune en recausant sur les problèmes du Japon, il est bavard mais je me suis fait à son accent qui coupe la fin des mots et qui colle des sons bizarres partout. Puis je quitte ce village pour 78 km de côte d'océan sans temple. Mais après seulement 10 km, je me fais interpeller par une sorte de checkpoint avec un papy comptable et des mamies serveuses de thé et café. Ces gens là sont 6 jours sur 7 sous le même chapiteau le long du 遍路道, de mars à novembre. Ils recensent les pèlerins, enfin ceux qu'ils peuvent, c'est-à-dire les piétons et vélos. Ils m'annoncent que je suis le premier étranger de l'année, sur la dizaine qui défile habituellement tous les ans. Je remplis le livre des 遍路 et j'ai accès aux statistiques. Les 60 et 50 ans représentent la grande majorité des marcheurs, suivis des 20 ans. Pour la plupart, ils viennent de Tokyo et Osaka. C'est pas étonnant, vu qu'une fois l'université quittée le salaryman Japonais n'a que quelques misérables jours de congés jusqu'à sa retraite (et ils n'utilisent pas 40% de leur congés payés, d'après le textbook de japonais, pour diverses raisons qui découlent du caractère sacré de l'entreprise). En même temps, un couple de marcheurs de Toyota, ville de 500.000 hab. environ, anciennement appelée Koromo, renommée en 1959 du nom du constructeur automobile qui y est implanté, et jumelée avec Detroit. Ils me causent 2 minutes, et finissent sans transition sur un "tu connais l'article 9 de la constitution ?", celui qui stipule que le Japon ne fera plus jamais la guerre. J'étais au courant vu que j'avais eu un exposé le matin même, mais c'est quand même louche de parler de guerre à ce rythme. Sur le coup je me suis demandé s'il s'était pas passé un truc grave pendant que je pédalais. La grande route et le chemin piéton sont les mêmes jusqu'au T27, le long de laquelle je double les marcheurs par paquets de 10 ou 15, surement suivant la ville où ils ont dormi. J'entre dans la préfecture de Kochi, qui s'étend sur presque toute la longueur de Shikoku.
Je longe les plages et l'eau verte jusqu'au cap Muroto, 室戸岬, la corne qu'on remarque facilement sur la carte. Il y a là le T24, 最御崎寺, Hotsumisaki-ji, à la pointe si on oublie la traditionnelle montée bien pentue pour y arriver.
Une statue géante de 弘法大師
Un petit sanctuaire dans une grotte
Ledit cap
Je continue et décide d'aller jusqu'au T27, mon objectif, 神峯寺, Konomine-ji. Il est à 4 km à l'intérieur du pays. Il est tard mais il fait encore jour. Les quelques 歩き遍路 en 野宿 commencent à occuper les cabanes d'arrêts de bus. Je pars vers le temple, mais la montée et très rude et je ne peux que pousser le vélo pendant plus d'une heure, pour arriver au temple qui à l'air joli. Je vais dormir à la grande tour, du haut de laquelle on aperçoit les lumières jusqu'à très loin le long de la côte grâce à des lunettes gratuites superpuissantes.
Jour 4 (T27 à T33, 94 km)
Le temps qui se dégradait hier se n'est pas amélioré, il pleuvinera/pleuvra toute la journée. Je peux voir au grand jour le beau jardin de 神峯寺.
Jour 5 (T34 à T37, 133 km)
T36, 青龍寺, Shoryu-ji
Le long de la côte sur une belle petite route
Pas vu ...
Donc il est encore tôt au T37, et je continue un peu sur le chemin du T38, qui y est à 94 km. J'arrive pour la nuit à 四万十, Shimanto, grande ville que l'on peut rejoindre aussi depuis Kochi en train express pour 8000 yens A/R, prix qui fait que les gens n'y bougent pas. Ca m'a fait bizarre de tomber sur une grande zone commerciale avec des magasins énormes, alors que je suis quand même presque au bout de la campagne de Shikoku. Je demande un onsen à une passante, Yamazaki-san, et on y va ensemble en marchant. Mais une fois arrivée devant, elle téléphone à son mari pour me loger, et je me retrouve avec repas + bain + lessive + futon + petit-déj. Elle habite avec son mari, qui distribue des journaux et livres en voiture dans les environs de Shimanto. Son bureau est au RDC et ils habitent au 1er. Mais il travaille tard le soir, donc elle dîne habituellement seule, et son mari quelques heures après, vu que le travail passe naturellement avant, même s'il est à quelque mètres. Elle me fait donc du riz de Kochi, particulier car le grain est pas entièrement débarrassé de son écorce. Comme partout au Japon, il y a le dialecte local, ici le 土佐弁, Tosa-ben, de l'ancien nom de la préfecture, dont elle me fait une explication. C'est encore pas le même que celui de 内田さん de y'a 2 nuits. C'est un dialecte rude, qui s'oppose aux mots gentils de la langue parlée à Tokyo, d'où est originaire son mari. Ca s'accorde avec ce qu'elle dit sur la région, où les femmes sont plus fortes que les hommes. Comme les précédents, elle me reparle de la guerre, des Etats-Unis en faux-amis, de la peur de la Corée du nord, et des jeunes japonais. Selon elle, ceux qui n'ont pas connu la bombe atomique ou qui n'ont pas entendu les histoires terribles de ses parents, sont insouciants et pas respectueux comme ils devraient l'être. Le Japon est quand même un pays très sûr, mais on entend souvent qu'il ne l'est plus du tout comme avant et que les homicides sont nombreux.
Jour 6 (T38 à T39, 143 km)
Après une bonne nuit au chaud, ils m'indiquent le chemin du prochain temple, avec de nombreux avertissements sur la grande montée pour le rejoindre, qui fait un trajet de 4h au lieu de 2. Finalement je l'ai pas trouvé cette grande montée, mais par contre tout plein de belles plages et d'endroits où l'eau était superbe. J'arrive rapidement à 足摺岬, le cap Ashizuri, l'autre corne de Shikoku, le bout du bout. Il y a vraiment rien ici, a part le T38, 金剛福寺, Kongofuku-ji, 2 marchands de souvenirs et des pèlerins par morceaux, dont un chinois et un américain.
Plus particulièrement dans ce coin, mais aussi tout au long du chemin, il y a souvent sur les bords des routes des petites cabanes à fruits ou légumes, que l'on peut prendre en mettant le prix correspondant dans la petite boîte qui va avec. C'est pratique pour les mikan (mandarines).
L'explication de pourquoi il y a des tunnels partout : la sécurité. Celui-ci est creusé pour éviter un virage serré, qui n'avait pas grand chose de dangereux. Quand on dit que les Japonais vivent en harmonie avec la nature ...
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