Hakone
"Hakone is the Japanese tourist mecca par excellence" annonce le Lonely Planet, en première ligne de la section. Je ne le savais pas encore, mais je ne peux qu'agréer. C'est donc en redescendant le Fuji qu'on va observer notre challenge réussi depuis cette jolie vallée voisine. Elle est à un peu plus d'une heure de train, coincée entre la montagne sacrée et Tokyo.
Au pied du Fuji, Hakone
Il faut quitter la Tokaido line qui longe la côte pour entrer dans une vallée au moyen d'une compagnie privée, 小田急 Odakyu, jusqu'à 箱根湯本 Hakone-Yumoto. C'est aussi très rapide d'accès depuis Tokyo, ce qui me ferait dire qu'un dimanche à 14h, le kilomètre carré d'installations aménagées autour du 芦ノ湖 lac Ashi est occupé à 99% de touristes, un peu comme ces villes-onsen.
Version tourist map, avec arrêts de bus
Nous arrivons donc lundi soir, dans la même foulée qui descendit le Fuji quelques heures plus tôt, de la crasse volcanique plein les dents, quelques quarts d'heure de sommeil éparpillés dans les trains et bus des 3 derniers jours. Une fois à Hakone-Yumoto, et équipés des multiples guides de l'office du tourisme de la gare de 小田原 Odawara, on se cherche un onsen bien mérité. Mais la plupart font partie d'un hôtel/ryokan, et/ou ferment à 15h, alors qu'on cherche à faire du 日帰り入浴 [higaeri-nyuyoku], trempette et pis s'en vont, pas trop loin d'une zone campable.
Après s'être fait passer devant par plusieurs bus qui ouvrent à peine leur portes à notre arrêt, on trouve finalement un onsen-hôtel, coincé entre les replis de la vallée, après un petit trajet en bus qui ne se gène pas pour les tarifs, plus de 700 yen les 20 minutes.
L'hôtel Ra Kuun parait miteux, je crains pour la qualité des bains, mais une fois passé la porte d'entrée, le hall est luxueux, ce qui leur permet de tirer un exorbitant 1200 yen/pers.
Mais en fait, une fois au sous-sol, on se rend compte que les bains sont re-miteux, la rouille d'onsen prenant le dessus sur la tuyauterie cabossée. Le petit 露天風呂 rotenburo donne sur quelques buissons mal entretenus. C'est peut-être pour mettre l'accent sur la qualité de la source, qui sent vraiment fort et restera longtemps sur ma peau.
C'est vraiment pas top mais l'essentiel est assuré : nettoyer les traces du Fuji-san. On sort et marche en direction du lac, au bord duquel j'avais repéré un petit parc avec un 展望台 observatoire, qui font d'habitude de parfaits endroits de 野宿 camping. C'est le 恩賜箱根公園 Onshi Hakone Koen, parfaitement placé au sud du lac Ashi (repère A sur la GoogleMap plus haut).
Onshi Hakone Koen
Après une petite exploration dans le noir, on arrive au petit chapiteau isolé, équipé de lunettes puissantes pas-à-pièces. Il ne fait pas si chaud (on est quand même à 730 m), mais on est morts et on s'endort sur le coup.
Mardi 22 juillet
Au petit matin, on se réveille à coté des oiseaux, dans la brume qui laisse apparaître quelques arbres, c'est très mystérieux. On se rendort alors jusqu'au jour, et une fois la brume dissipée, l'imposant Fuji se dresse juste devant nous.
Campsite
Je pars nager dans le lac dont l'eau matinale est bonne, claire et propre. Puis on cache les sacs dans les buissons pour partir librement faire un circuit parfaitement représentatif du tourisme à la japonaise. Le départ est donné au port de 箱根町 Hakone-machi, dans un bateau de pirates qui s'intègre parfaitement à son environnement.
Le pays où Disneyland et le monde réel n'ont pas vraiment de frontières …
Ca commence d'abord avec le poste de contrôle 箱根関所 Hakone Sekisho, mis en place pendant la période d'Edo, maintenant transformé en reconstitutions de magasins de souvenirs régulés par des Hello Kitty.
Hello Kitty Sekisho
Puis on monte dans le bateau de pirates pour traverser le lac en mode super kitsch, via le port de 元箱根 MotoHakone, sur la même rive.
A quai, 箱根町 Hakone-machi
A quai, 元箱根 Moto-Hakone
Bien que le pirate boat soit équipé de canon-jouets, capitaines déguisés et vendeurs de glaces, la vue par-dessus bord est saisissante, la nature est belle.
Dans le même style de Miyajima, le torii de 箱根神社 Hakone-jinja flotte en contrebas du mont 冠ヶ岳 Kanmurigatake, 1412 m.
Le torii de 箱根神社 Hakone-jinja et le mont 冠ヶ岳 Kanmurigatake
La vue classique du torii flottant avec le mont Fuji
De l'autre coté de la barrière, c'est la 1ère classe, avec plein de vieux
On débarque tout au nord, au port de 桃源台 Togendai. Il n'y a rien à Togendai (une fois les magasins retirés), donc on monte directement dans le Ropeway pour 大涌谷 Owakudani
Ropeway
Passer la tondeuse sous le téléphérique, un autre métier anti-unemployment
Plus on monte, et plus le mont Fuji parait imposant, au-dessus de sa ceinture de nuages. On est alors à environ 40 km de son sommet.
Sacré Fuji
Perché à coté de son arrêt de téléphérique, 大涌谷 Owakudani est une incroyable concentration de particularités touristiques. On commence par les 黒タマゴ, Kuro-tamago, les œufs noirs, car cuits dans l'eau des sources naturelles. Chaque œuf apporte 7 ans de plus à la longévité de son mangeur. Evidemment, cette supercherie est organisée par ma mafia d'Hello Kitty, comme peu avant, à Gero.
黒タマゴ Kuro-tamago
En fait, ça a le même goût qu'un œuf normal, c'est juste qu'il est noir.
Magasin de souvenirs, des myriades de déclinaisons
Dans le flux des écoliers et touristes étrangers, on fait comme tout le monde et on teste le lait de vache d'onsen, 300 yen le verre. Extraordinairement banal.
Hakone milk
Parmi toutes les attractions para-touristiques, on parvient à trouver le vrai truc qui justifie l'engouement : la source et les gaz.
Mise en garde
Après une petite marche sur le flanc d'un des pics, nous voilà devant une domestication de l'activité volcanique (juste pour cuire les œufs dedans).
大涌谷, 1050 m.
Un dernier regard vers le Fuji
Rhododendron est aussi chiant à écrire en japonais : 躑躅 (tsutsuji)
Retour inévitable aux centres touristiques, qui sont en fait le véritable truc à voir à Hakone. Des émanations de gaz tectoniques y'en a un peut partout, mais une telle japoniaiserie n'a probablement pas d'égal.
Fuji-yama, ça ne se dit qu'en dehors du Japon, où la lecture de 富士山 reste Fuji-san
Surprise devant les マリモ marimo, ces petites algues sphériques, censées être très rares et protégées, que je ne pensais jamais revoir ailleurs qu'au lac Akan (très très loin d'Hakone)
マリモ Marimo
Développement technologique
On redescend sur la ville de Gora,
Mercredi 23 juillet
On retourne tranquillement à 小田原 Odawara, et, les mollets encore douloureux du Fuji, je rentre à Kyoto par la ligne Tokaido.
Les œufs continuent leur chemin de l'autre coté de la montagne. Mais pour les rejoindre, il faut encore passer par les magasins de souvenirs de la compagnie.
Do not touch doubtful things
Aménagement du territoire, c'était trop naturel donc trop dangereux
On redescend sur la ville de Gora,
d'abord par télécabine,
強羅 Gora, c'est un trou avec rien, que des hôtels. On attend l'ouverture du Gyoza center pour dîner
Gyoza center
On rentre au centre d'Hakone, 箱根湯本 Hakone-Yumoto, le long de la 早川 rivière Haya, par le petit train rouge qui change plusieurs fois de direction, un peu comme les Z-switch du petit train d'Alishan, Taiwan.
A 箱根湯本 Hakone-Yumoto, tout est mort, à part un 7/11 et un vendeur de ramen au coin de l'arrêt de bus. Il n'est pas encore prêt et on ne pourra pas les goûter avant de monter dans le dernier bus pour notre parc. Il dit que récemment, les Chinois, Russes et Américains sont de plus en plus nombreux à venir visiter et font tourner son business.
On revient donc à la maison, notre chapiteau, sous un ciel toujours non étoilé, après avoir bouclé la boucle la plus touristique que j'ai jamais vue.
Bonne nuit
Mercredi 23 juillet
Je vais une fois de plus me réveiller dans l'eau du lac pendant les 30 minutes qu'on a pour chopper le premier bus qui retourne vers Hakone-Yumoto. On se perd un peu pour trouver l'onsen 湯の里 Yu-no-sato, reculé au fond d'un petit chemin qui grimpe, mais la transpiration en vaut la chandelle. Même si l'eau est traitée et ne sent pas fort, cet onsen est super classe.
Réveil
Sur les traces de 湯の里
Yu-no-sato, bain froid et bain central
Eau de rinçage, devant le bain à bulles et les lits à jets
Visite pas guidée
On retourne tranquillement à 小田原 Odawara, et, les mollets encore douloureux du Fuji, je rentre à Kyoto par la ligne Tokaido.
>> Tokaido 18 |
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