Hokkaido Tour : Akan National Park (5)
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J05 (Onneto) | J06 (Akan, Mashu, Kussharo) | J07 (Kussharo, Bihoro) |
Jour 5 (12 sept) : Shika-no-yu 鹿の湯 – オンネトー湖 Onneto-ko (124 km)
Dès mon réveil je saute au rotenburo (voir jour 4). Je suis tout seul (alors que la veille au soir on était jusqu'à 5), mais il y a à coté des motards qui pêchent dans la rivière.
Puis je reprends la route en sens inverse pour sortir du bois. Déjà de jour ça fait beaucoup moins peur que de nuit, et surtout je me rends compte que c'est principalement de la descente. Voilà pourquoi j'avançais pas la veille. Puis une autre vingtaine de kilomètres, de plat cette fois, qui passe super vite. En regardant la carte on ne s'y trompe pas, c'est bien une seule ligne droite de 20 km. Il fait toujours un peu gris et frais. Pour rejoindre 足寄 Ashoro, il faut ensuite passer un petit col désaffecté (= avec des grands bâtiments de marchands de souvenirs en ruine, comme quoi on peut pas faire du commerce touristique avec tout et n'importe quoi (mais presque)). Au centre de la ville il y a une grande gare, mais sans trains. Les rails sont coupés par les routes. En effet, pour voyager à Hokkaido il ne vaut mieux pas compter sur les trains une fois qu'on quitte Sapporo. Il y a des grandes lignes déployées en étoile qui rejoignent les extrémités, mais rien à voir avec le Kansai par exemple, où on peut donner son adresse en moins de 5 virages à partir d'une gare d'une des compagnies ferroviaires. Donc cette gare est réaménagée en michi-no-eki, et j'essaye un camembert local, mais c'est pas génial.
Ashoro 足寄 depuis la tour de la "gare"
Un peu plus loin j'y mange un ジンギスカン (jingiskan) (comme Gengis Kahn, voire la version anglaise pour comprendre pourquoi, ou pas), une sorte de yakiniku version "spécialité d'Hokkaido", au restaurant recommandé, c'est pas particulier et ça justifie pas du tout qu'on dise qu'il faille en manger si on va à Hokkaido.
Je le savais pas encore à cet instant, mais le conbini ou j'achète (que) mon goûter en prévision de la côte vers la région des lacs était le dernier de la journée. A partir d'Ashoro commence la montée vers le parc national d'Akan (阿寒公立公園 Akan-kokuritsu-koen). En gros, c'est un formidable parc avec plusieurs lacs où tout est beau et naturel. Le premier lac du chemin est オンネトー湖 Onneto-ko. Je quitte la belle route pour me lancer dans un raccourci douteux. C'est une petite route très calme, ça monte gentiment et des fermes sont éparpillées tous les 2-3 kilomètres. Je passe devant un parc touristique de plantes de 2m de haut où on se sent nain au milieu, mais en septembre ça ressemble plus à des fougères mortes au sol.
Des ours ont été aperçus - "Marchons en faisant du bruit"
Chaque ferme en bord de route à son petit nom et sa vente de lait et glaces
Puis tout à coup, j'ai droit à une belle blague au pays où on fait tout le temps des travaux sur les routes.
La route s'arrête comme ça et les 5 prochains kilomètres sont en gravier. Comme je dépends entièrement d'un vélo déjà bien pourri pour ce que je lui fais faire, je préfère y aller en marchant.
Il manque vraiment que le goudron
Le goudron revient en arrivant à l'extrémité sud du lac Onneto. A partir de là, on peut rejoindre une cascade, 湯の滝 (yu-no-taki), avec un footing d'1,4 km dans les sous-bois. On arrive dans une petite clairière avec une belle cascade.
湯の滝 (yu-no-taki)
Mais le truc qui fait tout, c'est que c'est une cascade d'eau chaude ! Je vais faire une pause dans le bassin au pied de la cascade, en compagnie de poissons bien gros pour l'endroit. L'eau est un peu tiède, et le sol est naturel, c'est-à-dire vase et par endroits ça avait l'air profond. Je repars quand il commence à se faire sombre. (Épilogue anachronique : à l'heure de la rédaction (28 octobre), je trouve sur internet des images de 湯の滝 avec un bain en pierre et donc que je n'étais pas censé me baigner dans le petit lac, lors de mon passage j'avais vu une construction en pierres sans eau sans remarquer que ça pouvait être un bain).
湯の滝 (yu-no-taki)
Je me rends ensuite de l'autre coté du lac, au seul endroit où c'est habité, avec un ryokan, youth hotel, et onsen associés. C'est pas pour autant que je peux capter le réseau avec mon portable. Il est 18h30, et alors que j'envisage de faire là repas + onsen, mais on me dit qu'il n'est pas possible de dîner dans ce coin si on y passe pas la nuit. Le seul endroit pour manger c'est la 茶室 à l'autre bout du lac (d'où je viens donc), avec le last order à 19h. Par contre je peux utiliser l'onsen, mais il ferme à 20h. Il me faut donc choisir entre manger ou prendre un bain, et j'opte pour la seconde solution. L'entrée coûte 200 ridicules yens, et l'intérieur est génial. En fait c'est tout juste s'il y a une prise électrique pour recharger mon portable, on dirait une cabane en beau bois. Le 内風呂 est une pièce sombre occupée par la vapeur la senteur du bois, avec un bain en planches de bois lisses, et un petit robinet d'eau froide dans un coin pour se laver. Le 野天風呂 à l'extérieur, sous un ciel d'étoiles qui se font de plus en plus nombreuses, est aussi très reposant. L'eau sent fortement l'essence, mais je me suis fait à l'odeur, tout comme à celle de l'œuf pourri, tout comme j'ai appris à aimer le natto (haricots de soja baveux) et l'anko (pate de haricot rouge) qui pourtant me repoussait au début.
Au bord du lac Onneto, avec en fond, 雌阿寒岳 (Meakan-dake, 1499m)et 阿寒富士 (Akan-fuji, 1476m)
Un onsen d'Onneto
En sortant je me réjouis de trouver un distributeur de cacahouètes pour faire mon dîner, mais évidemment y'en a plus. Je me cale alors avec des Sapporo et je pars à la recherche du camping, qui s'avère finalement être à l'autre bout du lac, juste à coté du seul petit restaurant. C'est que 5 km, mais ce ne sont pas les bienvenus après la journée chargée et l'onsen.
Jour 6 (13 sept) : Onneto-ko オンネトー湖 – 屈斜路湖 Kussharo-ko (100 km)
Au réveil, j'ai la peau qui sent encore bon l'œuf pourri. Il y a finalement du bon à n'avoir pas pris le parcours idéal la veille, car je peux faire des photos du soleil se levant sur オンネトー湖. L'eau est très claire et dégage de la fumée.
Onneto-ko
雌阿寒岳 (Meakan-dake, 1499m)et 阿寒富士 (Akan-fuji, 1476m)
Je repasse devant l'onsen de la veille qui sent l'essence même jusqu'à la route, et je redescends rejoindre la grande route peuplée de gens qui servent à rien le long de la route (pour une personne qui fait un trou au bord de la route, il y en a 3 ou 4 de chaque coté qui brandissent un drapeau "Ralentir" ou donnent des coups de sifflet pour prévenir) pour aller à 阿寒湖, Akan-ko, un lac bien plus grand et bien plus touristique (湖, qui se lit mizuumi ou ko, signifie lac). En effet, il ne devait pas y avoir plus de 50 personnes aux alentour d'Onneto-ko, mais Akan-ko est en fait une ville dont la seule ressource est le tourisme. Elle se résume à une longue route autour du lac, parallèle à la nationale, avec des marchands de souvenirs, hôtels et restaurants de chaque coté. C'est une sorte de hot spring resort avec de la vapeur qui sort des bouches d'égouts, comme à Beppu par exemple. J'y arrive vers 8h30 donc c'est encore calme, et je galère pour trouver un restaurant ouvert. Finalement je me fais un いくら丼, donburi aux œufs de poisson, en guise de petit déjeuner. La journée commence pour de bon avec le soleil et l'air chaud. Et les touristes qui affluent.
Pendant que je mange déjà un complément de petit-dèj au bord de l'足湯 (bain de pieds) de la boulangerie (pour une fois c'était du bon pain) vraiment brulant, je regarde passer les cars de touristes et une camionnette spéciale. 阿寒湖 est aussi connu pour son village Ainu. Les Ainu sont les premiers habitants d'Hokkaido et du grand est russe, petit à petit délogés par les Japonais et condamnés à devenir Japonais et discriminés ou morts. Il n'y aurait récemment plus que 2 personnes pouvant parler la langue, mais à cet âge là les chiffres ont peut-être changés. Et donc cette camionnette spéciale faisait de la pub pour voir les danses Ainus à coté, tout comme les marchands de souvenirs vendent cher les même petits trucs en bois, couverts, animaux sculptés, cadres, et plein de trucs inutiles. L'autre attraction, ce sont les マリモ. Les marimo sont une espèce d'algue qui pousse en boule. Il faut des années pour faire une petite boule verte en mousse et la pêche dans le lac Akan, une des très rares réserves au monde, est interdite. Par contre, on peut en acheter des d'élevage plein partout, en vrai et en faux sous toutes sortes de déclinaisons.
阿寒湖, Akan-ko, avec 雄阿寒岳, Oakan-dake (1370m)
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Si c'est pas des marchands de souvenirs, ce sont des hôtels
Pendant que je mange déjà un complément de petit-dèj au bord de l'足湯 (bain de pieds) de la boulangerie (pour une fois c'était du bon pain) vraiment brulant, je regarde passer les cars de touristes et une camionnette spéciale. 阿寒湖 est aussi connu pour son village Ainu. Les Ainu sont les premiers habitants d'Hokkaido et du grand est russe, petit à petit délogés par les Japonais et condamnés à devenir Japonais et discriminés ou morts. Il n'y aurait récemment plus que 2 personnes pouvant parler la langue, mais à cet âge là les chiffres ont peut-être changés. Et donc cette camionnette spéciale faisait de la pub pour voir les danses Ainus à coté, tout comme les marchands de souvenirs vendent cher les même petits trucs en bois, couverts, animaux sculptés, cadres, et plein de trucs inutiles. L'autre attraction, ce sont les マリモ. Les marimo sont une espèce d'algue qui pousse en boule. Il faut des années pour faire une petite boule verte en mousse et la pêche dans le lac Akan, une des très rares réserves au monde, est interdite. Par contre, on peut en acheter des d'élevage plein partout, en vrai et en faux sous toutes sortes de déclinaisons.
L'足湯 de la boulangerie
Un magasin spécialité dans les marimo et les innombrables produits dérivés
Je quitte d'Akan-ko qui me laisse une bien inutile impression et croise encore des camions militaires comme tous les jours. Je prends la route vers un deuxième lac, 魔手湖, Mashu-ko, réputé pour être le plus beau, une cinquantaine de kilomètres plus loin. La plupart des motards solitaires me font un signe en me croisant ou me doublant. Ils sont aussi faciles à remarquer, avec tout un attirail sur le porte-bagage et même des petits drapeaux de temps en temps.
雄阿寒岳, Oakan-dake, vu de l'autre coté
Le lac パンケトー (Panketo), qui "a la forme d'Hokkaido"
Les 10 derniers kilomètres avant le lac Mashu sont en bonne montée. C'est un lac d'environ 20 km de circonférence posé dans un cratère d'un volcan endormi. En termes cycliste, ça veut dire qu'il faut monter au plus haut sur l'anneau de la caldeira pour le voir. Je commence à rattraper tout doucement un vrai cycliste pendant qu'il fait encore plat, mais je suis vite lâché. Alors que le ciel est tout bleu il pleuvine par à-coups pour confirmer qu'Hokkaido a un temps bizarre. Une fois sur la couronne du volcan on est tout de suite au 第一展望台, le premier point-de-vue. J'ai droit une nouvelle fois à une démonstration de tourisme à la japonaise :
Etape 1 : Il faut être vieux et acheter un ticket pas trop cher et surtout qui inclus transport-repas-logement-activités. On voyage alors tout seul ou avec son conjoint dans un bus avec une cinquantaine de ses semblables, et on obéit à tout ce que dit la dame au drapeau. On arrive donc en bus sur un grand parking au milieu de nulle part avec une belle vue (Tout comme les dizaines d'autres bus d'autres compagnies de vente de tickets tout-en-un).
Etape 2 : L'invasion : La dame au drapeau doit contenir les vieux qui s'agitent après des heures de bus et les faire aller au bon endroit. Il y a toujours une personne devant le groupe, voire devant la dame au drapeau, qui ne regarde rien et semble connaître déjà.
Etape 3 : La photo : Avant de regarder pourquoi on est allé jusque là, on est obligé de s'aligner tous sur les bacs prévus à cet effet, avec la date du jour, pour prendre une photo avec ses amis vieux d'un jour. Le photographe, lui, a son emploi du temps de bus qui viendront.
Etape 4 : La dame au drapeau essaye de d'expliquer des trucs qui sont pas marqués sur les prospectus, pendant que les vieux s'en vont aux 4 coins chercher un panneau indiquant le nom du lieu pour se prendre en photo devant (peu importe la vue), histoire d'être sûr qu'ils y sont allé, et accessoirement m'empêcher de prendre une photo tranquillement.
Etape 5 : La dame au drapeau donne l'heure du rassemblement et laisse les gens profiter du lieu. Les gens, eux, vont directement au magasin de souvenirs acheter des gâteaux. Les おみやげ n'ont rien de spécial, si ce n'est une forme ou un motif dessus créé exprès pour l'endroit. Ainsi, en y allant on est obligé d'acheter les gâteaux correspondants pour prouver à ses collègues du travail qu'on y est bien allé.
Etape 5 : La dame au drapeau donne l'heure du rassemblement et laisse les gens profiter du lieu. Les gens, eux, vont directement au magasin de souvenirs acheter des gâteaux. Les おみやげ n'ont rien de spécial, si ce n'est une forme ou un motif dessus créé exprès pour l'endroit. Ainsi, en y allant on est obligé d'acheter les gâteaux correspondants pour prouver à ses collègues du travail qu'on y est bien allé.
Appendice : Les voyages scolaires avec des jeunes encore en uniforme se déroulant de la même façon, le seul truc que les vieux ont appris depuis le temps c'est la manière de ne pas se gêner du tout pour piquer et monopoliser la place sous le piquet qui supporte le panneau si important.
摩周湖 est à 350m au dessus du niveau de la mer, et a gagné autrefois le record du lac le plus clair du monde devant le lac Baikal (Russie), mais s'assombrit depuis. En plein milieu flotte Kamuish (カムイシュ島 ou 中島), une petite île de 30m de haut. En langage Ainu, kamui est le nom utilisé pour nommer les dieux, dont l'un d'eux s'est transformé en cette île un il y un certain temps. Le lac Mashu est très souvent dans le brouillard, et il est dit que les voyageurs qui ont la "chance" d'arriver un jour ensoleillé et qui peuvent apercevoir la petite île ne réussiront pas dans leur vie et ne pourront pas se marier.
D'un autre coté, le voyageur peut se consoler en admirant le magnifique paysage.
(cliquer pour voir le panorama)
Moi aussi j'ai pris une photo du panneau
魔手湖, lac Mashu
Je repars le long de la route qui fait le tour du cratère et je m'arrête à un second point-de-vue, à 668m d'altitude.
La redescente, c'est les même 10 km à fond sur une route nickel. En chemin, je vois mon premier cerf d'Hokkaido et un autre cycliste qui en chie pour monter (et le seul qui ait dit bonjour), c'est suffisamment rare de voir des cyclistes sur les routes pour être remarqué. Je passe par 川湯 Kawayu, une petite ville à onsen avec que des hôtels et des vieux en peignoir sur le trottoir qui font leur promenade. Puis j'arrive vers une montagne qui fait de la fumée avec des bus au pied. Il y a en effet un parking à 410 yens juste pour une petite attraction, アトサヌプリ, Atosanupuri ("la montagne nue", en langage Ainu), aussi appelée 硫黄山, Io-san, comme la montagne de souffre. Elle fait 512m mètres et fume par son flanc. Avant de rejoindre la zone à fumée je m'achète en passant des 卵温泉, œufs cuits à la vapeur de la montagne. Ils sont vendus avec un petit papier qui dit que le jaune est devenu marron mais qu'il se mange quand même. C'est pas mauvais.
硫黄山, Io-san
熊 = くま = Kuma = Ours
Sur place, des cristaux jaunes entourent les bouches bruyantes qui sentent très fort un mélange d'œuf pourri et de médicament contre le rhume. En respirant la fumée ça refroidit les poumons comme un chewing-gum Airwaves. Je vérifie que la vapeur brule bien les doigts et je repars pour ma destination, un onsen sur les berges du lac Kussharo.
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Sur le chemin je prends soin d'acheter un bento à ce qui semble être le dernier conbini et j'arrive à 屈斜路湖, le lac Kussharo. C'est aussi un lac de caldeira de 80 km² pour 57 km de périmètre, mais après Mashu, on est vite tenté de dire qu'il est moche. Par contre, sur sa côte Est sont alignés plusieurs 野天風呂 gratuits, donnent directement sur le lac. Mon dilemme est de trouver avant la nuit le meilleur bain avec le meilleur campground à coté.
屈斜路湖, lac Kussharo
Finalement je m'en suis bien sorti : après en avoir passé 2 qui ne paraissaient pas super, je me retrouve devant le plus grand bain que j'aie jamais vu, 池の湯, ike-no-yu ("l'étang"). Bien que super large il garde une température idéale. Le sol est fait de dalles mais ça devient vite sale si on remue les mousses qui y reposent. J'arrive en même temps qu'un autre étudiant de Tokyo qui visite Hokkaido en dormant sans sa voiture, et on est vite rejoint par un autre de Keio (Tokyo) qui faisait aussi un tour en vélo avec son sac de riz. Il sortait de 9 jours de marche sans assistance (sauf son sifflet anti-ours) dans la plus grande zone sauvage du Japon, au sud d'Obihiro dans le sud-est d'Hokkaido. C'est un rectangle de 100 km sur 50 km avec aucun village et presque aucune route, et c'est pas souvent que je vois quelqu'un qui ne pense pas "il ne faut jamais démarrer quelque chose dont on ne peut pas prévoir 99% du contenu" qui pourrait résumer le mode de vie le la plupart des Japonais. On a tous les trois 22 ans mais on est rejoint par un motard d'Osaka qui a l'air de vouloir apeurer une voyageuse de 30 ans qui était déjà super gênée de devoir s'enrouler dans sa serviette de bain pour profiter de l'onsen.
池の湯, dont l'eau chaude se vide dans le lac
On est plus que 2 pour le dîner dans une maison vide au milieu du camping, qui remplace aussi parfaitement la tente.
Jour 7 (14 sept) : Kussharo-ko 屈斜路湖 – 別海 Betsukai (127 km)
A peine debout, je vais faire un saut dans 池の湯 pour me réveiller. C'est super pratique d'avoir un bain géant tout prêt dès qu'on se lève. Avec l'autre campeur de Keio on se sépare, lui va à Kinmuto, et moi je fais un détour vers le 美幌峠, Bihoro-toge. C'est pas sur ma route, mais je me suis dit que ça valait le coup de faire 2 x 20 km pour le soi-disant plus beau col d'Hokkaido.
池の湯, ike-no-yu
Mais juste 4 kilomètres après 池の湯 il y a コタンの湯, un autre rotenburo gratuit caché au fond d'un camping. コタン (kotan) signifie village en Ainu, c'est pourquoi on le retrouve souvent dans les recoins d'Hokkaido. Kotan-no-yu est petit, à 3 mètres des vaguelettes du lac, avec une grosse pierre au milieu pour séparer hommes et femmes. L'eau est un peu chaude pour entrer d'un coup, mais une fois dedans, c'est parfait et il dégage une bonne odeur de dentifrice. Comme dirait Actimel on sent que y'a du concentré actif à l'intérieur qui va se voir sur l'énergie des muscles à l'extérieur. Je serais bien resté longtemps à regarder la brume quitter le lac pour les montagnes, mais j'avais plus envie de finir la journée au lointain Nemuro, donc je renfourche mon vélo direction le col Bihoro.
コタンの湯, kotan-no-yu
En route, je peine à trouver un magasin d'ouvert qui vende à manger. Il n'y a qu'un petit marchand de tout, mais en fait pas grand-chose, dont une partie périmée. La montée ne dure en fait que les 5 derniers kilomètres, c'est pas méchant. J'arrive donc à 490m d'altitude à 美幌峠 bihoro-toge avec un grand parking prévisible, et un vrai marchand d'omiyage et de faux trucs.
Le parc national d'Akan me réussit plutôt bien, car après Mashu-ko sans brouillard, j'ai aussi droit à Bihoro-toge assez bien, alors que d'en bas ça avait l'air inutile d'y aller vu que le col était invisible. Par contre, le point-de-vue est infesté de fourmis volantes qui habitent dans les barrières en bois. C'est excellent pour empêcher les papys d'occuper les lieux, mais j'ai du me laisser coloniser pour prendre un panorama 360° en 15 photos.
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Au 2nd étage du bâtiment, je suis intrigué par un drôle d'écran tactile. C'est le système de surveillance des routes, on a donc accès à plusieurs caméras live placées aux cols ou a l'entrée des tunnels sur tout Hokkaido. J'ai du être filmé plusieurs fois à l'insu de mon plein gré dans des montées difficiles. Mais c'est super pour regarder la vraie météo des routes que je vais prendre, et il permet aussi de calculer son itinéraire, tout en affichant le dénivelé précis des cols comme l'Equipe ferait pour le tour de France.
Relief du parc national d'Akan : la lumière rouge est Onneto-ko, puis on remonte vers Akan-ko, et au Nord, le grand Kussharo-ko et le Mashu-ko perché
Je mange un truc丼 pour moyen-déjeuner avant de redescendre et me rebaigner à un autre rotenburo gratuit sur la presqu'ile de Wakoto, 和琴半島.
truc丼
Pub en face du siège des toilettes. La première ligne, c'est pour s'excuser du dérangement dans de telles circonstances. On peut tout faire passer avec un 申し訳ありません
J'arrive donc à Wakoto, 和琴. Il est pas super chouette, un peu caché derrière des buissons car juste à coté de la plage où des enfants font du canoë. Le sol est naturel, avec des graviers, et on voit l'onsen qui sort du sol en faisant des remous et des petites bulles. Par contre elle est super chaude, je peux limite y entrer, au milieu de la banane que forme le bain.
Je repars pour foncer vers Nemuro, qui est le petit bout plein est. Il me reste 100 km mais il est déjà 13h, je ne peux pas y arriver même si les routes sont plates et toutes droites. Mes jambes se sont habituées à la seule vitesse du vélo, qui devient un peu faible pour mon coup de pédale mécanique et je ne peux guère aller plus vite. Par contre je peux prendre des photos/vidéos, manger, checker la météo ou vérifier mon itinéraire sans perdre 1 km/h. Il n'y a rien de spécial jusqu'à ce que j'arrive au dernier onsen avant la tombée de la nuit. Il est tout seul dans la campagne, mais malheureusement c'est un minshuku et seuls ceux qui y passent la nuit peuvent prendre un bain. La tenante m'apprend que les camions militaires que je vois tous les jours sur la route sont les Américains qui "protègent" le Japon, ayant un camp d'entraînement dans les montagnes. Pourtant les gens au volant ressemblent beaucoup à des Japonais. Enfin, je trouve c'est un peu une perte de temps que d'essayer de comprendre les relations d'admiration/haine/dépendance/honte/domination/imitation envers les USA tellement c'est incohérent.
Du coup je fais demi-tour et reviens à 別海 Betsukai, 7 km plus tôt. Voilà quand même 7 jours que j'ai droit à un vrai onsen tous les soirs, je m'y suis habitué et ça me paraît impensable de dormir sans avoir fait ma pause bains/jacuzzi/sauna/jets/rotenburo/etc. L'onsen de Betsukai est un bâtiment moderne sur les hauteurs de la ville qui fait office de bains public pour tous les habitants, c'est pas du tout le style onsen dans la nature pour se reposer. Cela dit, ils servent quand même de la vraie eau qui sent le volcan. En y repensant, Kyoto est bien misérable avec son maigre Kurama-onsen paumé qui prend 1100 yen juste pour le rotenburo. Dans le sauna, les indications sont en japonais et russe, ce qui confirme que les Japonais voient bien l'anglais comme langue des Américains et pas comme moyen de communication international (ni même des fois comme langue des Anglais).
A la TV, "Meurs un autre jour" est encadré par des pubs pour l'onsen d'Otaru, 湯の花 (Yo-no-hana) où je suis passé une semaine plus tôt. Je m'en suis rendu compte après mon retour, mais c'est précisément cet onsen qui est en procès pour avoir interdit l'entrée aux étrangers jusqu'à récemment (car les vrais J-clients ne viendraient plus sinon), d'après le site du naturalisé Japonais qui milite (avec optimisme) pour l'ouverture du Japon aux non-100% Japonais. D'après son site, l'onsen refuse encore aujourd'hui ceux qui ne peuvent pas parler pas Japonais. Etant entré sans problèmes, je dois peut-être pouvoir demander mon attestation de JLPT 1級 … Malgré la longue liste des cas de discrimination de la part des onsens d'Hokkaido, tout s'est toujours bien passé. Ou alors ils ont développé des techniques avancées parce que je m'en suis pas rendu compte.
Je peux enfin faire une lessive au camping de 別海 et je me trouve même une salle moquettée et chauffée pour la nuit.
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