Chroniques hivernales
Parce qu'il fait quand même bien froid, 4 pour les minimales selon la météo. Il a neigé dans le nord et la côte intérieure du Japon. J'ai encore oublié aujourd'hui d'acheter 2 thermomètres pour comparer la température de chaque coté des murs de ma chambre. En effet, l'habitation ne semble pas être considéré comme un élément isolant du froid, au contraire des heaters électriques ou à essence, air conditionné, gants, chandails, カイロ (kairo, de la poudre en sachet qui chauffe pendant 8h quand on le secoue et qu'on se le colle dans le dos ou dans les chaussures), couvertures, etc, qui remplissent complètement les 2 allées centrales du home center à coté de l'université. La méthode bien japonaise consiste à se planquer sous son 炬燵 (kotatsu), une table basse sous laquelle sont collées des résistances et prolongée de couvertures, a quelques centimètres de sa porte ou fenêtre en bois qui laisse 1 cm de jour avec l'extérieur. Heureusement, je suis pas dans une maison mais en appartement, c'est moins pire.
Kobe 1 : Vers le port/business district flambant neuf de 神戸 Kobe, le RokkoLiner
Les salles de cours l'université ne sont pas chauffées pour autant. Je suis rôdé aux classes maintenant, mais même si je comprenais 100% du japonais, ça serait toujours un peu nul. Les profs font cours avec un powerpoint plus ou moins mal fait, et présentent des trucs parachutés devant un faible nombre d'élèves dont l'écrasante majorité dort ou font autre chose avec le laptop. Dans la plupart des cas il n'y a rien à comprendre. Pour résumer, j'ai l'impression qu'en prépa on a appris pas mal de choses essentielles faisant beaucoup marcher notre cerveau, en école on a réfléchi un peu moins mais on a appris plein de trucs, mais ici apprend pas grand chose et on a pas à réfléchir non plus, une fonction copier/coller remplace serait bien plus utiles que des milliards de neurones. Enfin, ça c'est pour la partie cours, il me reste la partie recherche dans ce master.
Chacun ayant le même statut de pâte-à-modeler-encore-dans-sa-boîte à l'embauche (en avril pour tout le monde, comme la rentrée scolaire), il faut bien donner une raison aux gens de faire 2 ans de plus en master. Ca se joue avec un petit plus sur le salaire. En moyenne, les salaires d'embauches sont dans la fourchette 220-250.000 yens mensuels (1400-1500 €) pour l'équivalent des bac +4 / +6 en sciences (Le Japon est après le Danemark le 2ème pays au monde à avoir le plus faible coefficient de Gini, mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée). Cette semaine, un jeune employé de セコム, Secom, la plus grosse compagnie de sécurité au Japon, est venu présenter la R&D et les systèmes de vidéosurveillance, en s'excusant de montrer un PPT donné par les RH qui montrait la société sous un faux angle avec des photos de filles qu'il n'y a pas, par exemple. Par contre ils payent beaucoup plus que la moyenne, 311000 yens pour un master et 348000 (2150 €) pour un doctorant, ce qui reste toujours bien inférieur à la moyenne des salaires débutants des écoles d'ingénieurs françaises, et pas non plus la joie par rapport au coût de la vie au Japon.
Kobe 2 : Kobe brillant le soir
Donc je ne vois pas trop la différence entre un étudiant qui a fait 4 ans d'université et un autre qui aura fait 2 ans de master en plus (à part que le second à dépensé au moins 2 x 5000 euros en plus). Ca tombe bien, car les entreprises ne font (presque) pas non plus de différence, la seule chose important est que le nouvel employé soit fraichement diplômé, ignorant tout des entreprises et des boulots auxquels l'université ne l'a pas préparé du tout, pour pouvoir le former à la mode de l'entreprise, en faisant des rotations sur plusieurs postes puis en montant en grade à chaque fois qu'il atteint un âge palier.
Pour ce faire, les entreprises se présentent 1 an et demi avant l'instant t = diplômage = embauche, c'est-à-dire aux 3ème années et 1ère année de master. Il y a les entretiens, puis 1 an avant l'instant t, les embauches sont finalisées. Tout le monde effectue donc sa dernière année d'étude tranquillement et sait déjà où il va travailler plus tard. Donc en ce moment, on est en plein recrutement, et ça marche pour tout le monde pareil.
Quoiqu'il y a évidemment des gens qui sont incapables de passer le pré-test d'entretien. Quant il s'agit de rendre tout le monde pareil, le Système a toujours plus d'un tour dans sa poche. Pour les embauches, il y a la voie libre : inscription sur internet -> séries d'entretiens -> embauche si entretiens concluants, mais certaines entreprises font des 学校推薦 (gakko suisen). Elles fixent un quota d'embauches par université. Dans l'université, chaque élève ne peut choisir qu'une seule entreprise pour le gakko suisen. Si ça marche pas, il peut en demander une autre. Et plop plop plop, tout le monde se retrouve avec un contrat signé avant d'entamer sa dernière année d'études.Chacun ayant le même statut de pâte-à-modeler-encore-dans-sa-boîte à l'embauche (en avril pour tout le monde, comme la rentrée scolaire), il faut bien donner une raison aux gens de faire 2 ans de plus en master. Ca se joue avec un petit plus sur le salaire. En moyenne, les salaires d'embauches sont dans la fourchette 220-250.000 yens mensuels (1400-1500 €) pour l'équivalent des bac +4 / +6 en sciences (Le Japon est après le Danemark le 2ème pays au monde à avoir le plus faible coefficient de Gini, mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée). Cette semaine, un jeune employé de セコム, Secom, la plus grosse compagnie de sécurité au Japon, est venu présenter la R&D et les systèmes de vidéosurveillance, en s'excusant de montrer un PPT donné par les RH qui montrait la société sous un faux angle avec des photos de filles qu'il n'y a pas, par exemple. Par contre ils payent beaucoup plus que la moyenne, 311000 yens pour un master et 348000 (2150 €) pour un doctorant, ce qui reste toujours bien inférieur à la moyenne des salaires débutants des écoles d'ingénieurs françaises, et pas non plus la joie par rapport au coût de la vie au Japon.
Kobe 3 : sans prendre le monorail, c'est galère de traverser les îles à pied
Un étudiant qui arrive donc à recevoir le dernier diplôme de sa vie sans avoir un emploi qui l'attend est déjà limite exclu de la société japonaise, vu que les entreprises refusent de faire passer des entretiens aux gens qui ne sont pas à (AnnéeDuDiplôme – 1). Après ils font des petits boulots et y'a moyen qu'ils ne soient pas comptés dans la population japonaise tellement c'est mal vu de ne pas être comme tout le monde.
Les exclus précoces s'appellent les 引き篭もり, hikikkomori, 10% des jeunes Japonais, qui décident eux-mêmes de se faire haïr par leurs semblables. Mais le phénomène le plus médiatisé c'est celui de l'ijime, des enfants qui poussent des autres au suicide, parce que c'est un jeu rigolo, ou parce qu'il y a la pression des tests d'entrée très sélectifs, présent à tous les niveaux, dès le primaire.
Par contre, quand il a causé un truc non-smooth pour son entourage, le Japonais doit super s'excuser (et là tout redevient comme avant). Par exemple, un étudiant envoie sur la ML de toute la fac d'info un mail en anglais pour informer des horaires d'un séminaire, mais il se plante, et corrige les horaires 5 minutes plus tard avec un autre mail, "Sorry […] The collect one is as fellows … ". Malgré le bel effort qu'il a fait d'écrire en anglais, il a du renvoyer un mail tout en japonais, la seule langue qui permette de s'excuser pour de vrai, en disant l'équivalent de "Sorry" mais sur 4 lignes.
Voilà le système du 回転寿司, sushi-bar, au centre de Kyoto. Si on ne veut pas des sushis plus très frais qui tournent, on peut en commander via la machine. Jusqu'à maintenant les systèmes que j'avais vu n'étaient que des interphones, et les sushis préparés sur commande étaient placés sur le même tapis roulant que les autres, avec une étiquette portant le numéro de notre table, et fallait les chopper en vol.
Maintenant, il suffit de sélectionner son sushi avec les dessins de l'écran tactile, et la commande arrive via un shinkansen sur des rails différents et s'arrête devant la table qui a commandé.
C'est vraiment la classe. On constate que l'innovation japonaise, c'est un service vers un client toujours mieux satisfait, et ça passe inévitablement par une réduction des interactions humaines. Le matin même on avait vu en cours une vidéo d'un robot capable de prendre la commande de 3 personnes qui parlent en même temps et de dire qui a commandé quoi où. L'oreille humaine est battue. On peut donc raisonnablement imaginer prononcer le nom d'un sushi à table et de le voir arriver tout seul, sans aucune intervention humaine. (Bien sûr ça marcherait que pour les sushi-bar, car le vrai bon sushi n'est fait que par les mains d'un expert sous les yeux du client).
C'est comme mon sensei qui faisait une introduction sur les systèmes d'information dans notre futur proche, en disant qu'il suffisait de mettre un tag sur chaque objet et chaque humain pour relier le monde des PC au monde réel, et on aurait une société parfaitement réglée par un réseau qui transmettra et processera toutes les informations du monde réel. En citant 1984 comme référence.
Heureusement, on a déjà trouvé la faille qui nous empêche de voir des robots intelligents : MS
Kobe 4 : Et on passe rapidement du beau quartier d'affaires à des entrepôts tout moches
Les exclus précoces s'appellent les 引き篭もり, hikikkomori, 10% des jeunes Japonais, qui décident eux-mêmes de se faire haïr par leurs semblables. Mais le phénomène le plus médiatisé c'est celui de l'ijime, des enfants qui poussent des autres au suicide, parce que c'est un jeu rigolo, ou parce qu'il y a la pression des tests d'entrée très sélectifs, présent à tous les niveaux, dès le primaire.
Kobe 5 : Une compagnie de train un peu moisie, d'ailleurs ils ont même pas assez pour faire vérifier par un native english speaker l'anglais des panneaux.
Je ne connais pas la raison pour celle là, une des 3,7 suicidés par heure sur le territoire japonais, mais elle est passée à la télé pour avoir sauté sur les rails du 新幹線 shinkansen (le TGV japonais, mais aussi simple et plus fréquent que le métro) et retardé 52 trains, emmerdant 38500 personnes. Si on estime que les passagers faisaient le classique Kyoto-Tokyo, soit 13320 yen l'aller simple, qu'ils demandent le remboursement du billet (après 2 heures de retard, on peut demander un full refund), la famille de la suicidée est redevable de 3,16 millions d'€ via la compagnie de train. Ca me surprendrait pas du tout de voir dans les prochains mois/années des affiches dans les gares demandant poliment de se suicider sans faire chier les voyageurs. C'est d'ailleurs à ajouter à la liste des 1001 paradoxes des Japonais, eux dont la philosophie de vie est de ne pas embarrasser les voisins et de tout faire le plus smoothly possible.
Kyoto 1 : 永観堂 Eikan-do by night
Comme par exemple les travaux dans les rues entre mon chez-moi et l'université, ils sont super socialement smooth. Le jour il n'y a rien, mais ils travaillent la nuit et dans le calme quand la circulation est peu importante.
Par contre, quand il a causé un truc non-smooth pour son entourage, le Japonais doit super s'excuser (et là tout redevient comme avant). Par exemple, un étudiant envoie sur la ML de toute la fac d'info un mail en anglais pour informer des horaires d'un séminaire, mais il se plante, et corrige les horaires 5 minutes plus tard avec un autre mail, "Sorry […] The collect one is as fellows … ". Malgré le bel effort qu'il a fait d'écrire en anglais, il a du renvoyer un mail tout en japonais, la seule langue qui permette de s'excuser pour de vrai, en disant l'équivalent de "Sorry" mais sur 4 lignes.
Kyoto 2 : 永観堂 Eikan-do by night
Voilà le système du 回転寿司, sushi-bar, au centre de Kyoto. Si on ne veut pas des sushis plus très frais qui tournent, on peut en commander via la machine. Jusqu'à maintenant les systèmes que j'avais vu n'étaient que des interphones, et les sushis préparés sur commande étaient placés sur le même tapis roulant que les autres, avec une étiquette portant le numéro de notre table, et fallait les chopper en vol.
Il y a l'écran tactile en haut, et un bouton rouge pour faire repartir les wagons vers les cuisines
Maintenant, il suffit de sélectionner son sushi avec les dessins de l'écran tactile, et la commande arrive via un shinkansen sur des rails différents et s'arrête devant la table qui a commandé.
C'est vraiment la classe. On constate que l'innovation japonaise, c'est un service vers un client toujours mieux satisfait, et ça passe inévitablement par une réduction des interactions humaines. Le matin même on avait vu en cours une vidéo d'un robot capable de prendre la commande de 3 personnes qui parlent en même temps et de dire qui a commandé quoi où. L'oreille humaine est battue. On peut donc raisonnablement imaginer prononcer le nom d'un sushi à table et de le voir arriver tout seul, sans aucune intervention humaine. (Bien sûr ça marcherait que pour les sushi-bar, car le vrai bon sushi n'est fait que par les mains d'un expert sous les yeux du client).
C'est comme mon sensei qui faisait une introduction sur les systèmes d'information dans notre futur proche, en disant qu'il suffisait de mettre un tag sur chaque objet et chaque humain pour relier le monde des PC au monde réel, et on aurait une société parfaitement réglée par un réseau qui transmettra et processera toutes les informations du monde réel. En citant 1984 comme référence.
Heureusement, on a déjà trouvé la faille qui nous empêche de voir des robots intelligents : MS
Conséquence de la disparition des muscles (tout effort étant exécutable par un système automatisé) ou simple effet de mode, la physiologie des Japonais reste un mystère. On va bientôt plus pouvoir dire de face qui est fille qui est garçon.
Boys band
D'ailleurs, j'ai appris récemment 2 nouveaux sens japonais. Dire "t'es tout blanc" ou "t'a le visage petit/mince", c'est un compliment conforme aux critères de beauté.
Le sosie (Japonais) de Joey Starr, bien loin des critères de beauté japonais
Le Japon ne faisant que de copier plus ou moins les USA, ça marche aussi pour les artistes.
Retrouvez sur quel star américaine a été copiée le style de la presque star japonaise
Encore du US-copiage, le fingerprinting systématique de tous les étrangers à l'entrée du Japon. Depuis novembre, on ne peut pas entrer, ou re-entrer au Japon sans laisser ses empreintes digitales et sa photo au service d'immigration. C'est, d'après le gouvernement, une mesure anti-terrorisme, car il paraît que l'ami terroriste d'un ami d'un membre du gouvernement a visité le Japon sans être arrêté par la police, et c'est pas normal. La surement vraie raison, car mêmes les japonais savent que les très rares actes terroristes sur le territoire japonais ont été commis par des 100% Japonais, c'est que étrangers = danger+crimes+impolitesse+etc, et qu'il vaut mieux les contrôler de près.
J'ai lu pas mal de posts protestant contre ça sur des blogs de français au Japon. Parce que même installé depuis toujours ici, le non-Japonais devra passer par la file d'immigration à empreintes. Se marier ou être résident permanent n'y change rien, on ne devient pas Japonais si facilement. Mais après tout, ils font ça surement pour le bien de tous les étrangers en leur faisant comprendre qu'il faut vraiment être taré pour décider de rester au Japon.
Et puis le jour où ils arriveront à faire un robot english teacher assez performant, ils pourront expulser tous ces gens qui brisent l'harmonie de la société japonaise.
Des bêtes qui se reproduisent bien vite
Si les Japonais copient avec si peu de retenue les USA, c'est peut-être grâce à Henry Stimson, selon une revue pour étrangers bien mal écrite qui paraît ici. Ayant réussi à convaincre ses collègues les droppeurs de bombes atomiques d'éviter Kyoto quelques jours avant Little Boy, il a pu "sauver" une ville qu'il aimait bien, et probablement éviter que les Japonais n'en veuillent aux USA pour 42 générations pour avoir détruit la ville sans laquelle les Japonais seraient tous orphelins.
Des boissons que l'on paye en passant ton téléphone portable devant. L'écran au milieu était super agressif et le son bien fort, je me serait cru avec une bande d'écoliers sur le quai de la gare.
Au Japon y'a jamais assez de place, et les parkings ça prend de la place. Souvent, le parking d'un grand magasin est situé sur le toit. Ou plutôt, le magasin est construit au RDC d'un parking. Au centre-ville, il y a des tours, qui sont en fait une enveloppe de tôles cachant une grande roue ovale allongée verticalement. Au seul point qui touche le sol, il y a une porte pour faire monter la voiture dans une cabine de la grande roue. Puis la roue tourne et une nouvelle place apparait. On a ainsi une prise d'espace au sol minimale.
Sur la vidéo, le parking (au sud de Shijo) est un peu moins efficace. Il prend quand même plein de place, arrive à percher pas mal de voitures ...
Pas grand monde pour regarder le rugby à 27h30. Etre le pays dans les premiers fuseaux horaires, c'est aussi assez inconfortable pour tout ce qui est télé-meeting, surtout avec les USA
Le Mans - Saint-Etienne entre la Champions League, Liverpool, la Juventus, l'Inter ...
Photos de mon labo, une des salles. Je sais pas d'où vient l'idée Japon=bien rangé, mais c'est souvent l'opposé.
Kyoto 3 : 永観堂 Eikan-do by night
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