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jeudi 3 janvier 2008

Corée du Sud - Corée du Nord (7)

Sommaire

Jeudi 3

Aujourd'hui fait place à une visite à la japonaise où l'histoire est toujours d'actualité. On a réservé un DMZ Tour, DMZ signifiant demilitarized zone, une étroite bande en réalité fortement militarisée et minée séparant le Nord du Sud de la Corée. Le mot que nous allons apprendre ensemble aujourd'hui est propaganda.


Pour savoir pourquoi il y a 2 Corée(s), on peut lire wikipedia.
En résumé, le Japon, qui avait envahi la Corée (comme tous les pays à distance critique de l'archipel), l'annexe en 1910, exploite tranquillement ses habitants et en tire jusqu'à 20% de sa production industrielle.

Une fois le Japon remis à sa place à la fin de la WW2, les Alliés occupent la péninsule, l'URSS pour le nord du 38ème parallèle, les USA pour le sud. En 1947, les Nations Unies ne parviennent pas à contrôler la restauration et un leader Coréen se détache dans chaque moitié, Kim Il-Sung au nord à Pyongyang, et Syngman Rhee au sud à Seoul (faut pas faire attention à la romanisation, c'est en fait juste les bons vieux Kim et Lee), les 2 étant idéologiquement opposés, ils échouent à recoller les 2 bouts. Le Nord, soutenu par les munitions soviétiques, développe son armée, et décide d'envahir le Sud le 25 juin 1950, après déjà quelques conflits sanglants engageant la responsabilité des 2 dirigeants. Le 28, Seoul est capturé. En septembre, le Sud est réduit à une très faible surface autour de Pusan. Mais MacArthur et les US débarquent et récupèrent le tout, et enfoncent le clou en repoussant les nordistes jusqu'à la frontière chinoise. Les Chinois font alors leur entrée dans la partie et repoussent à leur tous les Américains, reprenant même Seoul. La guerre continue jusqu'en 1953 et la ligne de front se stabilise sur la ligne de démarcation actuelle, non loin du 38ème parallèle. Le 27 juillet 1953 se signe un cessez-le-feu avec la définition d'une zone démilitarisée (DMZ), longue de 249 km de la mer Jaune à la mer du Japon, et de 4km de large. Il n'y a donc pas vraiment de frontière entre les 2 Corée(s), qui sont toujours en état de guerre.


Le tour se divise en 2 parties, dont une interdite aux citoyens sud-coréens, offert par plusieurs compagnies qui prennent 130000 won (~ €100) pour la journée. C'est beaucoup pour le travail qu'ils font, mais après tout y'a pas le choix et c'est un truc unique.

On vient nous pick-uper près de chez nous à 7h15 pour aller au point de RDV à Itaewon. Il faut être bien habillé et le jean est interdit, donc j'ai un faux pantalon trop court prêté par-dessus, c'est pas très confortable. On monte dans le grand bus pour le tour du matin, et nous voilà entourés de Japonais. Les vrais étrangers (= non-Japonais = anglophones) sont tassés au fond du bus, tandis que le gros de la troupe écoute la dame au drapeau donner des explications en Japonais. Le coréen anglophone donne la version anglaise partielle. J'ai vraiment l'impression d'être dans un bus de tourisme comme ceux que je ne pensais jamais prendre, et tout ça en Corée, sans relation avec le fait que nous venions du Japon. Le faiblement développé tourisme semble plus orienté Japon que reste-du-monde si l'on se fie au niveau de japonais des marchands et guides coréens, meilleur que l'anglais.

La dame-au-drapeau au micro


On arrive au premier stop, et on a 15 minutes japonaises pour faire pipi et faire le tour du Imjingak "tourist resort", près de la ville de Paju, là où la situation commence à être tendue.
En fait, c'est désert. On est dans les premiers bus de la journée, le brouillard se lève à peine, et il y a un parc d'attraction tristounet qui n'a rien à faire là. On entend donc pour la première fois "progapanga", bien que du coté Sud.


Imjingak "tourist resort"


Direction North Korea



Le Bridge of Freedom, par lequel sont revenus quelques prisonniers en 1953




La ligne blanche est la "frontière", la Corée du Nord à gauche, celle du Sud à droite.


Plan de la ligne ferroviaire reliant économiquement les 2 cotés


Directions symboliques


A partir de là, on nous dit que les photos sont strictement interdites, sauf dans les endroits où on y est invités. D'un coté j'avais un peu peur de me faire checker et formater mes SD cards à la fin de la journée, mais d'un autre c'est insupportable de sortir l'appareil au signal du guide, prendre 3 photos propaganda, et le ranger de suite. (ça, ça passe encore, mais le fait que ces gestes soient parfaitement synchronisés avec le reste japonais du bus, c'est kimochi warui).

Donc i decline toute responsibility sur les photos suivantes, de toutes façons j'ai pas compris l'anglais du guide et je parle pas japonais, et les photos interdites ne sont pas sensationnelles.

Passage a un checkpoint armé sans raison très claire. Notre bus est arrêté, et tous les passeports regardés rapidement par un soldat Coréen avec un gros fusil dans le dos, pendant que des voitures passaient tranquillement à coté



On arrive à l'observatoire du mont Dora, duquel on a un large aperçu de la DMZ. La DMZ est donc une bande démilitarisée large de 4 km. Elle est parcourue en son milieu par la MDL (Military Demarcation Line).

Dorasan Observatory


Il y a une photo line jaune, au-delà de laquelle les photos sont interdites. On ne peut donc pas photographier les rails traversant la frontière, le village fantôme de propagande dans la partie Nord-Coréenne de la DMZ, les usines dans lesquelles les sudistes exploitent les nordistes au nom de la coopération économique, et la flagpole géante qui supporte le drapeau Nord-Coréen.



Photo de la DMZ derrière la photo line



En route vers le tunnel



On arrive à la visite du 3rd tunnel. Alors en 1978, alors que les 2 cotés se réjouissaient à l'idée de voir un jour proche leurs familles réunies, une nouvelle anéantit leur espoir, la découverte d'un tunnel destiné à envahir Seoul. Aidés par un espion/traître, les Sud-Coréens plantaient des poteaux creux dans le sol et les remplissaient d'eau. Mais l'un d'eux ne se remplissait jamais, signe d'un truc louche en sous-sol. Ils ont donc creusé pour voir ce qu'il se passait, et ont par leur forage fait fuir les Nord-Coréens qui venaient tranquillement de 1700 mètres plus loin, pour envahir Seoul, en passant 73 mètres sous la surface terrestre (source : progapanda sud-coréenne).

Recollage de la Corée



Préparation à la descente du 3rd tunnel ...


Croquis et explication intéressants






On s'installe donc sur notre chariot et on descend lentement dans le tunnel par une cheminée touristique, différente de celle par laquelle l'avancée des Nord-Coréens a été historiquement interceptée.

En voiture ...


Descente aménagée


On approche ...


A l'intérieur (ben oui, c'est un tunnel, et en restant discret il fait sombre)(ou alors c'est l'intérieur de ma poche)(photo légale du tunnel)


Le tunnel est humide. Il est creusé en pente constante pour éviter que l'eau stagne, et les murs sont recouverts de charbon pour faire croire à une mine désaffectée. Au bout du tunnel, 3 murs ont été construits du coté Sud pour boucher pour de bon cette ce risque d'invasion. Au premier mur, une camera fait face aux touristes qui font demi-tour.

Il y a 4 tunnels comme celui-ci mis à jour sous la DMZ, et une dizaine d'autres potentiels.

On nous donne plein d'informations, en disant toutes les 2 minutes que les Nord-Coréens sont méchants les premiers et qu'ils sont les inventeurs de la propaganda. Mais en considérant objectivement ce qui nous est dit et montré, rien ne prouve que tout n'est pas une gigantesque propaganda de la Corée du Sud qui se sert des touristes étrangers, qui en plus payent plein pot pour se faire balader sous le nez des gardes communistes.

Dans le parc en dehors du tunnel aussi



L'étape suivante est la gare Dorasan. C'est une très jolie gare en métal et en béton, mais surtout en bois. C'est pas la dernière gare en Corée du Sud, mais plutôt la première vers la Corée du Nord, à 56 km de Seoul station et 205 km de Pyongyang station. Et surtout elle connectera la Corée du Sud à la Chine et au reste du monde, car pour l'instant elle a tous les désavantages économiques d'une île.

Dorasan station




Gaeseong, un complexe pour le Sud avec la main d'œuvre pas cher du Nord. Mais c'est bien sûr un symbole de réunification





C'est pas très explicite, mais en achetant un ticket (voire pas), on a accès au quai. C'est propre, désert, on dirait une maquette. Pourtant, une fois par jour, depuis le 17 mai 2007, un convoi traverse la DMZ pour échanger des trucs avec le Nord. C'était la première fois depuis 50 ans que quelque chose passait la frontière, voilà un bon point pour le futur.




De Seoul a Pyongyang


Vers Pyongyang


"The first station toward the North, not the last station from the South"


Bush pour l'inauguration de la gare en 2002


A la sortie, je ne saurais pas dire exactement pourquoi, mais une liste de noms est gravée sur des plaques. C'est un très bon échantillon représentatif de la proportion de Kim et de Lee …
Un nom coréen s'écrit en 3 caractères (= grosse syllabe) hangeul. Le premier pour le patronyme, le second pour le prénom.

Des colonnes de 김 Kim (toutes) …


… et des colonnes de Lee (toutes) (Lee, Rhee, Yi, c'est le même nom en fait)


En fait, les Park sont pas aussi nombreux que les 2 champions.


Puis on reprend la route pour le déjeuner


Une plaque US ARMY au checkpoint


Glaces sur la rivière Imjin, qui coupe la DMZ, puis se déverse dans la rivière Han qui arrose Seoul


Repas à Imjingak "tourist resort", avec tous les bus de la journée. On se rend compte qu'on est vraiment surrounded par des troupeaux de Japonais. Et que toutes les compagnies différentes qui offrent un DMZ tour sont en fait plus ou moins la même.




Le tour de l'après-midi, c'est encore plus sérieux puisqu'on va se frotter à la Corée du Nord. Cette partie du programme n'est pas disponible à ceux qui ont la nationalité Sud-Coréenne.
Alors que la guide pour les Japonais a un bon anglais, on se tape un vieux faux-rigolo qui parle anglais comme un tanuki du Kansai. Et qui est vraiment lourd pour interdire les photos et faire respecter les fausses règles.

Donc cet après-midi, on va pile à l'endroit où les photos étaient interdites la matinée. Leurs instructions sont incohérentes, les explications sur la propaganda nord-coréenne sont floues et marchent aussi très bien que les agissements sud-coréens.

On passe un barrage pour entrer pour de vrai dans la DMZ. Il est formellement interdit de prendre en photo la campagne ici. Pourtant, il n'y a rien, et c'est même un excellent refuge pour la faune et la flore puisqu'elle est interdite aux hommes.




On arrive au Freedom village, un beau morceau assez louche. Avec la guerre, les habitants de ce village ont été délogés. Maintenant, les maisons ont été reconstruites, et les habitants relogés, avec plusieurs avantages et exonérés de taxes s'ils restent sage et se font prendre en photo. Il est en plein milieu de la DMZ, c'est donc le plus vulnérable au cas où il y aurait un accident. Car même si on ne parle que de réunification et d'échanges, aucun risque militaire n'est pris, la tension est toujours là, comme les préparatifs pour une éventuelle riposte.
On a le droit de prendre en photo qu'un coté de la route. L'autre est forbidden.

Un chien aboie dans le calme


L'autre coté



Maisons neuves


Un vrai papy ?


Puis on reprend le bus pour aller au camp Bonifas. C'est un centre de l'US army juste à coté de la JSA (Joint Security Area), notre prochaine étape. On ne fait rien ici, si ce n'est un briefing et des formalités. On peut finalement visiter en jean, contrairement à la brochure. Seuls les jeans troués sont refusés, mais à ce moment ils prêtent des pantalons ridicules pour remplacer.




La JSA a été établie en 1953 avec la signature du cessez-le-feu par l'UNC (United Nations Command, regroupant ROK (Republic of Korea), et une quinzaine de pays du même coté, dont les USA, la France et le Luxembourg) et les Nord-Coréens + Chinois.

C'est une zone neutre d'environ 800m de diamètre, à cheval sur la DML (ligne de démarcation), a changé de forme en 1976 suite à un regrettable accident.

De 1953 à 1976, les bâtiments des 2 forces étaient mélangés dans cette zone neutre, sans frontière. L'un des bâtiments des UNC, CP3 était assez éloigné, près du Bridge of No Return. En été, un peuplier dans la JSA développait ses branches qui gênaient la vue du CP3 pour les autres bâtiments des UNC, alors appelé "The Loneliest Outpost in the World". En effet, à quelques mètres de là, de l'autre coté du pont, c'est la Corée du Nord, et les habitants du CP3 n'avaient pas forcément envie de s'y faire capturer.

Le lonely CP3 est en bas à gauche


Donc chaque été, l'arbre était taillé. Sauf que cette année, les Nord-Coréens qui taillaient l'arbre à la hache ont aussi taillé 2 soldats des UNC, dont le capitaine Bonifas, qui a donné son nom au camp militaire voisin.


Maintenant, la DML coupe bien la JSA en 2, et seul le bâtiment central chevauchant la DML est neutre.


Le papier, daté de 1995, à signer : "The visit to the Joint Security Area at Panmunjom will entail entry into a hostile area and possibility of injury or death as a direct result of enemy action". "… the United Nation Command, the United States of America, and the Republic of Korea cannot guarantee the safety of visitors and may not be held accountable in the event of a hostile enemy act".

Et ils nous le rendent à la fin en cadeau souvenir.



Une carte ultrasecrète de la DMZ


On monte dans un bus différent pour faire le trajet Camp Bonifas - JSA. Il faut bien se tenir.

Les bâtiments neutres en bleu, à cheval sur la ligne de démarcation. Au fond, le bâtiment communiste


La DML : Corée du Nord à gauche, Corée du Sud à droite


Dans le bâtiment neutre, pour des histoires sérieuses entre les 2 camps. Le garde en face et moi sommes dans les 2 pays



Garde un peu maigrichon devant la porte de sortie en Corée du Nord


A ce moment là, je suis moi aussi en entier en Corée du Nord …


Partie de cache-cache dans une des zones les plus tendues au monde


Le garde Nord-Coréen qui pose sur son perron avec moi (agrandir)


Maintenant, il me regarde avec ses jumelles (agrandir)


DMZ Tour - JSA Video Tour


Au pied du bâtiment sud-coréen



Au delà de la DML, il y a le "propaganda village" nord-coréen, soit disant vides, sans fenêtres, grossièrement exagérés, avec des gens qui allument des lumières tous les soirs, et passaient de la pop en direction du sud (more about propaganda)

Au centre du peut-être-faux village se trouve la plus grande flagpole au monde. Au début, elle était petite, comme celle du Sud. Puis les 2 pays se sont concurrencés pour avoir leur drapeau plus haut que l'autre. Finalement le Sud a abandonné le jeu débile, le Nord gagne donc avec un pylône de 160m, et le droit de changer le drapeau souvent car il est déchiré par le vent.

Plus haut flagpole au monde, 160m


Selon le guide Sud-Coréen, les montagnes n'ont pas d'arbres car les Nord-Coréens sont très pauvres, n'ont plus de ressources et ont été obligés de couper tous les arbres, même ceux près de la DMZ. Explication bizarre … Il ajoute que la Corée du Sud envoie régulièrement de la nourriture et de l'électricité dans ce pays où la population diminue du fait des fuyards, au fur et à mesure que la réalité extérieure infiltre les frontières.

Ce que l'on peut croire, c'est la carte des lumières, vue du ciel. On distingue très bien le Japon qui reste allumé toute la nuit, la Corée du Sud qui est en train de faire pareil, et une mer de silence lumineux correspondant à la Corée du Nord, exception faite de Pyongyang et quelques patelins.


Un poste oublié de l'ancienne période de la JSA







Les pays de l'UNC


Bridge of No return



Puis on rentre au camp Bonifas visiter le magasin de souvenirs, qui vent du barbelé officiel de la DMZ.

Camp Bonifas


Exercice secret pour l'US army

Et nous voilà retournés à Seoul, qui, à 50 km à peine de la zone de conflit, encore en guerre, ne se gène pas pour faire pousser des banques et téléphones Samsung.




Et on finit la journée dans un restaurant sympa avec JiHee et SeungHee


Voilà pour nos derniers instants à Seoul. 3 jours pour la ville + 1 pour le DMZ tour suffisent amplement. On commence alors notre lente retraite vers le ferry de Pusan ...

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