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jeudi 20 mars 2008

Thaïlande (13) - L'Être et le néant

[19 mars] : 〜Thoeng – Pha Lak (100 km)



Donc je me réveille dans mon précieux abri et pars tôt. Dès 6h30, deux motos locales s'infiltrent sur mon chemin.

素泊まり


Chemin vers la hutte


Je parcours les 18 kilomètres me séparant de Thoeng où je déjeune en double avant squatter quelques internet cafés dans l'espoir de pouvoir visiter une authentique famille Hmong. Les internet cafés sont toujours remplis de jeunes jouant à CS au mieux, DDR au pire, dans un environnement bruyant. D'ailleurs ça devrait les déformer vu qu'ils sont, les pieds décollés et le menton au niveau des tables, des heures avec la tête penchée en arrière de façon à voir l'écran.
Malheureusement, conflit de technologies, j'attends en vain ce fameux numéro de téléphone de nks qui ne joint personne, et je repars déçu.

Je m'arrête encore peu après, pour une matinée pas très productive, faire une pause repas + dessert. Le dessert, c'est la salade de "fruits" (les faux fruits confits en plastique) recouverte de glace pilée, taillée du gros bloc par une machine avec des lames et une manivelle. C'est une machine magique qui rassemble tous les enfants des environs, car il n'y a rien d'autre à faire et que finalement, avec ces températures, c'est la chose la plus adéquate.

Noodles


C'est bien bon mais j'ai toujours le bide en vrac des choco-man de la veille, décidément le chocolat c'est pas leur spécialité. Malgré mes longues 20h-6h de sommeil (mais réveillé toutes les heures) je me sens toujours fatigué.

Et voilà qu'à partir de Chiang Kham, c'est le retour surprise des montagnes. Conformément à ma carte, ce n'est pas très haut, mais c'est très vallonné et désert. Les échoppes le long de la route assurant mon ravitaillement en eau, quel que soit le coin, ont disparu. Mes lèvres se dessèchent et prennent quelques kilos, de la même manière qu'un bras inanimé, sommeillant quelques instants sous le poids du corps, peut être au réveil froid et lourd.
Alors, un tout petit village avec une toute petite maison me redonne des points de vie avec du Pepsi.

Toujours dans le nord de la Thaïlande, entre Chiang Kham et Song Kaeo




Alors que je rêve encore d'arriver à Tat Thong waterfall pour un coucher de soleil avec des fruits et une bonne douche sauvage, je suis forcé d'admettre que c'est mission impossible, et vers 17h je commence à m'approvisionner en dîner. Ca sera une grosse pastèque, qui rentre dans mon filet sur le porte-bagages, mais qui est éjectée dans une descente. Je continue donc avec mes 2 demi-pastèques jusqu'à la tombée de la nuit, où je m'arrête dans une cabane en hauteur de la route, encore à 30 km de la waterfall.

17h40, le soleil sonne la retraite coté Ouest


Conduite à visibilité réduite


De même coté Est


18h37, mon repère, avec une pastèque fraichement chassée
(Il a l'air de faire encore jour sur la photo mais c'est juste un problème de luminosité numérique)


Etonnamment, je mange mon dîner sans être embêté par aucun moustique, alors que sur la route, ces nuages de petites mouches m'encerclent dès que je pose le pied à terre. Je m'endors vers 8h mais je serai pas mal réveillé par les moustiques.





[20 mars] : Pha Lak – Na Noi (148 km)



Et peut-être autre chose que les moustiques, à constater mon arcade sourcilière droite rouge et enflée. Bref, il est déjà 7h, j'ai dormi longtemps.

6h56 au réveil solaire


Souvenir de ma hutte


Je rechausse mon vélo très bruyant pour les 17 km qui me séparent de Song Kaeo. C'est écrit Song Kaeo sur les pancartes, mais Song Khwae sur ma carte, comme sur Wikipedia. C'est déjà un gros village, avec des écolières qui lancent des "hello". Pendant que je me fais un khao phat, je fais revisser mon vélo au mécano d'à coté, y'a un truc plus ou moins secret pour recentrer la chaîne et éviter qu'elle ne tape dans son boîtier mais je n'y arrive pas tout seul. En tous cas, je sais qu'il suffit de 5 minutes de route en graviers pour décentrer la roue arrière.

Attention : chaussée déformée


Là, bien que je pensais être sur une route tranquille de Song Kaeo jusqu'à Tha Wang Pha, ma carte indiquant l'altitude minimale, je suis en fait sur le dos d'un stégosaurus, et ça commence à bien faire.


Une route classique pour la Thaïlande, mais qui serait appelée "Panorama Road" ou "Skyline Road" au Japon (avec péage en prime probable)



En effet, il y a tellement de tunnels au Japon qu'on en oublierait qu'il est presque partout montagneux. Par contre, sur tout mon tour de Thaïlande, j'ai eu exactement 0 tunnel.
Vers la fin, peu après Tha Wang Pha, la route est bordée de vendeurs de sticky bamboo rice. On m'en avait donné avant de passer le col de Tak à Mae Sot. Je m'en reprends 2, c'est 10 baht le stick. C'est pas pratique à manger d'une main en pédalant vu qu'il faut décortiquer le bambou avec les dents, mais super bon. Le premier est fourré de haricots, le second avec une purée de riz tiède. C'est des sticks qu'indépendamment de la faim, on les mange jusqu'au bout, à chercher le dernier grain de riz avec un peu de peau collé au fond du bambou.

Rivière sanglante


Il y a ensuite à la suite des dizaines de vendeurs de mandarines, puis vient le tour des vendeurs de paniers d'osier. Alors que la route semble pas très fréquentée.

Cette route m'emmène plus facilement à Nan, ville touristique pour son anglais sur les panneaux, un peu comme Pai mais version sans étrangers. Les saucisses grillées au piment, à l'entrée de la ville, me font finir tout un pichet d'eau, et c'est bien gonflé que je me rends à la plus grande attraction locale, le Wat Phumin.

Ce temple est construit sur 2 Naga, le dieu-serpent, avec un Bouddhas pour chaque direction cardinale et des peintures murales. C'est chouette, mais le plus intéressant est la représentation des enfers, dans un bâtiment annexe.

Wat Phumin, วัดภูมินทร์




Séjour aux enfers … pas très sabai sabai




A ma sortie, il est 15h40, et je n'ai rien d'autre à faire que de me lancer un challenge jusqu'à Na Noi. Données :
  • Avec mon braquet unique, je fais maximum du 20 km/h sur du plat
  • La visibilité devient critique vers 18h45
  • La route est déserte sauf au kilomètre 25 (Wiang Sa) et au kilomètre 60, Na Noi
Il ne faut donc pas traîner. C'est pourquoi je commence avec une pause Cornetto et Macadomia au 7/11, les magasins les plus chers de la campagne thaïlandaise, avant de speeder. La route n'est pas tout à fait plate sur la fin, c'est un bois intimidant et stressant, mais je fais finalement surface dans Na Noi à 18h49, soit 1 minute d'avance sur le par de 18h50.

Évidemment, à ce rythme là les photo sont floues



J'arrive en vainqueur, me rue sur les bouteilles d'eau, et cherche une ket hao (guest house). Apparemment il y en a une à Na Noi, ça tombe bien, je vais pouvoir prendre une douche. Il y a une espèce de resto en terrasse juste à coté, dont les gens m'indiquent le chemin et me demandent de revenir pour dîner.

Je reviens donc m'asseoir aux cotés de Mister Policier, Mister Polisseur de glace, Mister le chef, Miss Thi Thi, Miss Jiaw et Miss Ow. Ils me mettent plein de trucs à manger dans mon assiette et je dois tenir le rythme. Un truc, c'est un œuf sans jaune. Il a été retiré, mélangé au blanc, et réintroduit à la seringue avant de cuire. C'est ce que j'ai compris, vu le petit trou ça parait plausible, mais tordu quand même. Comme à Samakkee Mai, il y a ce fameux whisky imbuvable et un petit verre, qu'ils, une fois entre hommes, font tourner parmi les convives encore assis. Ce verre de whisky thaï, qu'ils appellent vodka, est immédiatement suivi d'un verre d'eau pour changer le goût. Les Thaï ne rougissent pas comme les japonais, qui ont soit 2 belles barres rouges entre les yeux et les joues, soit une tomate à la place de la tête, après quelques gorgées de bière, et je les avais pas vus tourner tout saouls. Conséquence, le "bonne nuit" dure une bonne demi-heure, car c'était passé le cap où ils pouvaient être pera-pera en anglais. Ils me donnent RDV le lendemain pour 10h. Au cours du repas j'aurai appris et retenu kay = poulet, kay ping = œuf, khao nio = riz collé à manger avec les doigts, tawan = soleil, paa = poisson, pha = légumes, … quelques mots pour faire durer la conversation toute la soirée.

J'ai enfin droit à une douche + lessive et je m'écroule sur le grand lit …


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