Thaïlande (14) - Le dernier col
[21 mars] : Na Noi – 〜Nam Pat (85 km)
[22 mars] : 〜Nam Pat – col (95 km)
Je m'arrête à la cascade Phu Soi Dao, mais elle est indiquée à 6,5 km de la route en petit chemin et je ne me sens pas d'aller jusqu'au bout, surtout qu'il y a un parfait petit endroit après 100 mètres. Je me pose dans un bassin de mini-cascade pour un bain-douche, et sans faire exprès j'avale mes 4 mini-sandwichs du dîner.
Je me réveille et me prépare tranquilou pour le rendez-vous de 10 heures. La sœur de Mister Tok n'est pas là, on s'était apparemment mal compris. Ou alors c'est la fille, Miss Thi Thi …
Bref, ça ne m'empêche pas de petit-déjeuner tout ce qu'il y a sur la table pendant un peu plus d'une heure : du poisson (avec les doigts), du riz collé khao-nio (avec les doigts) à mettre en boulette avant de tremper dans la sauce, des légumes, brochettes, et encore des bouts de poisson ...
Mais on finit par se dire au revoir et j'examine mes routes possibles.Photo souvenir
Par contre, les routes de ma carte ne sont pas aussi accueillantes. Vers le sud, coincé dans le goulot désert de 50-70 km entre le réservoir Sirikit (le plus large de Thaïlande, le long de la rivière Nan) et la frontière avec le Laos, j'ai le choix entre 2 routes. La "naturelle", à l'est, au plus près de la frontière, passant par le village Ban Khok (Bangkok, la capitale du pays s'appelle en thaï Krung Thep), ou la "spéciale", tout droit, traçant vers le sud, mais avec un passage louche.
Le passage louche, c'est qu'après environ 40 km, la route s'arrête devant un cours d'eau, large d'une centaine de mètres, et repars après, comme si de rien n'était. Le doute m'envahit, car s'il n'y a ni pont ni tunnel (comme on peut facilement l'imaginer), ça me fait 80 km évaporés en sueur et retour à la case Na Noi.
Grand doute ... (bien sûr il faut imaginer qu'il n'y a pas le trait noir de mon passage)
La route "naturelle" semble aller droit dans le plat, mais à regarder la carte de plus près, elle s'avère ne pas être rectiligne. En réalité, je viens de démasquer une des particularités des routes des soi-disant plaines thaïlandaises, le fait que nombre d'entre elles sont frappées par la malédiction de la courbe de Koch. Bien que j'ai appris à préférer mon intuition et mes cartes que l'avis des locaux, je crains la susdite malédiction et je me résous à demander aux filles c'est quoi cette route bizarre.
Elles me disent qu'il y a un bateau pour 250 baht (10 repas de base), donc malgré le prix je pars tenter Pak Nai, annoncé sur les panneaux comme "Pak Nay, the fisherman village".
Ces 40 kilomètres de plats sont en fait bien plus longs que prévu, même si le début est agréable
Des champs
Des stations essences (soit 〜0,65 € le litre de diesel / essence)
Puis ça monte, je me suis encore fait avoir
J'étais parti dans le nord de la Thaïlande pour les montagnes, parce que le plat c'est chiant, mais après 2 semaines j'avais largement eu ma dose. Donc ces 20 derniers kilomètres jusqu'à Pak Nay, en montées-descentes, sont particulièrement irritants.
Ma petite route, j'y vais sans aucun doute ♪
En guise de spectacle, les vallées sont en feu. Comme le soir peu avant Thoeng, sauf que cette fois je suis au premier rang. Partout le nord thaïlandais est brûlé, et je sais toujours pas si c'est normal (politique agricole des hilltribes, qui énerve aussi le gouvernement thaï) ou accidentel. En tous cas, j'entends de loin les violents crépitements, ça pétarade avant d'arriver sur la scène du crime. Même sans ça, il fait déjà bien chaud et j'ai les oreilles qui sifflent le brûlé comme si j'étais assis à 1 mètre du feu.
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Flanc de colline en feu
Les pousse-vélos énervants se succèdent, j'ai même droit à une portion non pavée.
Arrivée relative au Paradis
Enfin, on aperçoit le cours d'eau, toujours sans savoir comment traverser
Arrivée sur Pak Nai avec une bonne descente
Pak Nai Fisherman Village
Le Tourist Info Center est sur la butte à l'arrivée. C'est une pièce complètement vide, avec un tapis, et une dame qui dort dans une couverture par terre. Je demande comment traverser la "rivière", et elle m'indique le "port" qui est plus à l'ouest. Je dois remonter la grande descente et prendre une ramification pour redescendre au bord de l'eau. Mais en attendant, je fais le tour du village, qui est une grosse cacahuète. En effet, contrairement à Google Maps, j'ai pu aller jusqu'au bout sur du béton, comme si c'était à marée basse. Si l'applet Google Maps ci-dessus ne marche pas ou si les cartes ont été mises à jour depuis 2008, ce que je vois, à marée haute, c'est ici.
L'île est remplie de restos vides et de gens qui ne font rien, il n'y a pas un seul pêcheur qui pêche. Je m'arrête manger un truc, mais y'a pas de poisson, alors je rempile avec des nouilles au mu (porc). Et un excellent shake de noix de coco + myrtilles.
Le village
Je fais donc mon détour pour aller au terminal attendre mon ferry. Je ne sais en fait pas à quoi m'attendre, mais il faut attendre. Il y a 2 personnes, un papy et une mamie, et plus tard une voiture, qui viendront attendre avec moi, et faire la causette avec le papy dans sa cabane, seule trace d'un "terminal", qui vend du coca pour me faire passer le temps. Je me pose dans une chaise en plastique sans savoir quand va se passer ce qu'il doit se passer. Le temps et les horaires, c'est bien un luxe de pays riches facilitant les contraintes des hommes pressés. Enfin, j'aimerais bien quand même continuer ma route et pas rester bloqué là. Ca pourrait être pire, car un peu moins d'une heure plus tard, c'est parti.
Le bateau, ce sont 2 cuves en métal avec des planches de bois dessus. Le moteur, c'est une pirogue équipée d'un vieux conducteur et d'un moteur de mobylette. Les 2 sont reliées par une perche en bois. C'est très rustique, mais ça marche bien. On le distingue même sur la Google map ci-dessus, quittant le port de Pak Nai (d'ailleurs il y en a 3 en activité entre les 2 ports, ce ne sont pas les H dans l'eau, mais les 3 planches de bois tirées par un petit bâtonnet blanc)
Sur mon ferry et son pont-levis manuel
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Les plateformes en H des pêcheurs du réservoir
Dix minutes plus tard, on est de l'autre coté. 250 baht, comme annoncé par Miss Thi Thi, c'est le prix voiture. 70 pour la moto, moi je m'en tire avec 50 pour mon vélo.
Me voilà donc de l'autre coté. C'est bien, mais je suis toujours à 55 km du prochain village indiqué sur ma carte, Nam Pat. Il est déjà 4 heures passées, et je ne peux pas le faire.
Vue du réservoir-rivière depuis le coté sud
Sur cette longue route cul-de-sac, dont j'ai trouvé l'entrée par le fond du sac, je ne m'attendais pas à un seul village jusqu'à Nam Pat, mais il y en a en fait quelques uns.
C'est pas non plus la banlieue de Tokyo
On ne peut pas non plus dire que la route est plate ici. Je m'approvisionne donc petit à petit en concombres, gâteaux, tomates, poulet et kao nio, jusqu'à trouver un abri pour la nuit. Il fait déjà nuit et je ne vois rien, mais je ne peux pas m'arrêter, la route étant comme entre 2 falaises qui serrent une végétation dense, rien à voir avec les champs qui ont toujours une petite cabane. Il n'y aucun endroit pour me poser et c'est pas rassurant du tout, d'autant plus que le seul truc que j'aperçois, c'est un long serpent étalé sur toute la largeur de la route.
Assez long pour qu'il soit encore partiellement sur la route après que je dégaine mon appareil photo
Finalement, après 1 heure de vélo au clair de lune, fatigué, je m'enfonce dans une route ramifiée, en cailloux, au milieu d'un environnement tout brûlé qui semble assez sûr, et me pose festoyer.
Copieux festin, sans les tomates qui étaient à portée de guidon pendant mes derniers kilomètres
Je tente de dormir, mais il fait trop chaud et c'est pas possible dans ma tente-sac plastique. Je transpire tout collant dedans, et dehors c'est plein de moustiques, et peut-être des plus gros animaux.
[22 mars] : 〜Nam Pat – col (95 km)
C'est une affreuse nuit, mais un de mes réveils est libérateur puisqu'il fait enfin jour. Je constate que mon sac à dos a été investi par une colonie de fourmis, dans chaque recoin. Je dois le vider complètement et éjecter chaque fourmi. Je tente sans succès de réparer le bruit de mon vélo, et c'est reparti.
Mais tout de suite après mon départ, la route devient Paris-Dakar. C'est vraiment trop illogique ; sachant que je viens de nulle part et que j'approche de la civilisation avec un village de près de 9000 habitants, un hôpital et un hôtel, la belle route se transforme en champ de graviers. Enfin, 10 km (dont 8 de merde) après avoir quitté mon campement, j'arrive à Nam Pat pour mon petit-déjeuner.
Hé oui, route de poussière, pas attendue du tout
Je fais aussi refixer mon vélo, qui marche nickel et silencieusement maintenant. Je dois être à la version 3.3
Après Nam Pat, la route est en montée, super calme. Un peu dans la forêt, pas trop chaude, avec un revêtement excellent, même si c'est pas facile, c'est agréable. Je fais du 13 km/h de moyenne sur 3 heures.
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Comme on le voit sur la carte, la route que je suis fait un sursaut nordique pour ne pas passer la barre rocheuse droit devant. Ca me rapproche de la frontière lao. Une fois à l'embranchement pour repartir dans la bonne direction, je m'arrête manger des noodles dans le village très reculé de Huai Hun avec des gens pas très accueillants.
Ban Khok, ça c'est pas ma route
Puis ça repart de plus belle en montée pour 80 km vers Na Haeo, dans le coin de la Thaïlande, cet endroit où le Laos vient planter un bout de ses terres d'un coup de pouce dans le flanc thaï (voir carte en fin de post).
Boder Patol Police, ils semblent fâchés avec les R comme les Japonais
La route n'est pas facile au début, ça ne fait que monter en faux-plat et il fait trop chaud.
14h07, on dirait pas, mais ça monte
14h26, ça monte toujours
Puis ça tourne sur le rebord des montagnes sur une route très conviviale, avec de beaux virages, en légères descentes, c'est relaxant pour mes jambes.
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Je m'arrête à la cascade Phu Soi Dao, mais elle est indiquée à 6,5 km de la route en petit chemin et je ne me sens pas d'aller jusqu'au bout, surtout qu'il y a un parfait petit endroit après 100 mètres. Je me pose dans un bassin de mini-cascade pour un bain-douche, et sans faire exprès j'avale mes 4 mini-sandwichs du dîner.
Phu Soi Dao
Baignoire et douche, la pression ça va, mais la température n'est pas encore au top …
Puis ça repart en montée pousse-vélo jusqu'à ce qui semble être le sommet, il fait presque nuit.
17h45
18h10
Heureusement, il y a là un marchand, mais rien de bien intéressant. Je me retape donc des ... mini-bananes. Puis je me trouve un abri surélevé, car comme disent les fumeurs d'opium, être allongé sur un tapis de bambou, comme celui qui fait office de plancher sur ces abris d'agriculteurs, c'est très rafraichissant. Par contre, dormir à même le sol, c'est infernalement chaud.
19h06, l'heure du dîner. Au menu, mini-bananes et eau fraiche (et gâteaux pas bons, comme d'hab)
Alors que les flammes ravagent encore un peu de collines, je m'endors content d'être à une altitude que je ne retrouverai plus jamais, vu que normalement à partir de là ça redescend et longe le Mékong.
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