Gobi (3) - La traversée du désert
Je me réveille alors que le soleil est en train de se lever. J'entends galoper au loin et je scrute l'horizon … il y a en effet un petit point noir qui se déplace dans le fond de la plaine.
Gobi sunrise
Je retire mes 13 habits ou paires d'habits qui m'ont fait survivre la nuit dehors. On petit-déjeune les patates qu'on avait oublié la veille dans le feu de bouse avant de remballer pour des kilomètres de route déserte. Avec de temps en temps des bouteilles de vodka pour décorer. Comme les routes sont toutes droites et sûrement chiantes pour les locaux, il parait qu'ils sont nombreux à boire au volant pour se passer le temps. C'est comme ça qu'on peut voir des accidents au milieu du désert sur une piste de 50 mètres de large …
Pour l'environnement, Aluk ne s'y soucie pas trop, en jetant son paquet de cigarettes ou du plastique par la fenêtre. C'est encore loin de devenir une priorité.
Pause à un puits pour le remplissage de notre bidon d'eau potable
Des fois on déborde et on loupe des virages. Même pas grave, le hors-piste ne fait pas plus mal au van
La piste nous mène à un village, le centre du sum Сайхан-Овоо Saikhan-Ovoo (un des 315 sum de Mongolie), qui compte 2500 habitants, soit 0,63 hab/km². Il fait partie de l'aïmag (= province) Dundgovi, un des 21 aïmags de Mongolie.
Сайхан-Овоо Saikhan-Ovoo, atmosphère typique d'un village du Gobi
La banque (plus précisément, la Khahn bank)
Incroyable : des panneaux ! Si les distances sont justes, il y a peut-être un seul bâtiment qui sert à plusieurs trucs
Il y a des écoliers en uniformes tout mignon. Les filles ont un ruban rose dans les cheveux. Tous les bâtiments n'ont qu'un étage, et ils peuvent cacher un magasin d'habits, une épicerie, ... c'est secret.
Enfants sédentaires du désert
Prix du pétrole : 1€/L
La route toute plate change peu à peu pour devenir canyonesque, assez accidentée. On y perd un bidon jaune qui a sauté du toit. C'est toujours très beau.
Un cheval dans les canyons
Un arbre !
A cet instant précis, on s'écrit tous en cœur : un arbre ! Et oui, ce sont les premiers depuis 3 jours. Peut-être plus, je suis même pas sûr d'en avoir vu à UB.
On fait une petite pause à un monastère détruit, Ongiin Khiid, mais sans y entrer. Par contre, à coté de notre van se trouve un van de 3 Françaises, qui ont payé des milliers d'euros pour un voyage tout organisé. Pas plus intéressant que ça, si ce n'est leur guide qui parle français et mongol. On en profite pour faire le point avec notre chauffeur, avec qui on ne peut guère communiquer, juste "on y va" en russe, "pasta", et les noms de viande en mongol.
On apprend qu'on a déjà 2 jours de retard, et ce n'est que notre 3ème jour. On refait donc une bonne partie de notre plan de voyage, il paraît que certaines routes nous sont interdites car le van ne peut pas les prendre.
Ongiin Khiid, le monastère d'Ongiin
Pour la suite, je monte sur le toit du van. C'est une ligne droite plus droite que droit, et plus plate que le plat. Cette fois, on a l'impression que le désert est bien plus hostile qu'auparavant. C'est plat, mais on ne voit rien à partir d'une certaine distance, comme si c'était la fin du monde.
Non, rien de rien ...
On suit à peu près une ligne électrique, seule trace d'humanité. On croise aussi un autre van de touristes, comme nous.
Eux, vers le nord
Nous, vers le sud
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Une moto cassée avec une roue détachée ... le pire endroit pour tomber en panne tout seul
On arrive sur un tout petit village, avec une aire de jeux pour enfants dans l'entrée. Ca fait bizarre ... A sa sortie il y a une station d'essence, la station de la dernière chance.
La station de la dernière chance
Il y a plusieurs motos qui attendent. Mais il n'y a pas d'essence. On se demande combien d'heures/jours ils attendent ici ... Aluk passe rapidement sous le van pour réparer un truc, on en déduit que c'est une pause forcée.
Pendant ce temps, on va jouer un peu plus loin.
D'est en ouest, paysage constant ...
Derrière une petite colline, le désert révèle une mare avec des animaux.
Visage hostile pour réelle hospitalité
On se fait rejoindre par un chien errant rachitique, qu'on surnomme Бууз. On trouve aussi un petit gecko apparemment pas habitué à éviter les humains.
Des ossements se mélangent à des déchets moins dégradables
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Le gecko qu'on avait relâché n'est pas non plus habitué à éviter les canins. Бууз sera un peu moins rachitique ...
Retour au van, Aluk semble avoir fini la réparation. Des enfants viennent déballer des souvenirs par terre juste devant nous.
Souvenir shop
Par contre on repart sans essence. Et pour la première fois depuis le départ, le désert de Gobi est fait de sable ! Mais de sable à moitié humide, de sorte que la piste est un vrai piège. On laisse des traces très profondes, et on passe en 4 roues motrices pour s'en sortir. Ca parait impossible, mais avec un van russe, tout est possible !
Retour en terrain facile
Les nuages s'invitent à notre voyage
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On fait le plein avec nos 2 derniers bidons de secours
A chaque arrêt, je suis obligé de courir loin du van pour le cadrer sur une photo. Sinon, ce n'est que l'infini du Gobi, insaisissable.
On aperçoit un troupeau de chameau, dont un membre au sol, en décomposition. C'est Bayanzag, le site des dinosaures que l'on ne pensait pas atteindre aujourd'hui. Comme il est déjà tard, on va se cacher dans des petites dunes pour camper.
On se posera là
Gobi sunset
On grimpe une petite colline pour aller voir le coucher du soleil. Le silence est aussi mortel. Le terrain est recouvert de petits arbustes. On collecte du bois en revenant au van. On est alors surpris d'être accueilli par Aluk qui nous a préparé un super repas pour 7 en un temps record, avec les réchauds qui ne marchent pas très bien. Alors qu'il va se coucher dans le van, on finit la soirée en faisant un grand feu.
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