Revenir à l'accueil ou voir la liste de tous les posts

mercredi 3 septembre 2008

Gobi (5) - Sur les dunes de Khongoryn Els

Enfin une nuit où je dors tout ce qu'il faut. Nous sommes à Khongoryn Els, dans les plus grandes dunes de Mongolie, dans le désert de Gobi, à plus de 500 km au sud d'Oulan-Bator, et environ 200 km au nord de la frontière chinoise.

Réveil devant les dunes


Pendant que l'on fait la vaisselle du petit-déj, 6 chameaux viennent rapidement nous encercler. Un tiers des 280.000 chameaux de Mongolie vivent dans cette province, Ömnögovi, ce qui porte le ratio chameaux/hommes à 1,6.

Un chameau, c'est d'abord un animal extrêmement moche


Ils appartiennent en fait à la yourte voisine, qui espère nous les louer pour la journée. Mais nous on a rien demandé, et on préfère marcher. Avec Marco, on essaye quand même une petite heure, dans les basses dunes des environs.

Ils sont plus gros qu'ils n'y paraissent, et ont mauvaise haleine


Aluk a trouvé un ami Yappa pour réparer notre roue volatile (voir post précédent)


Pour monter le chameau, il faut lui tirer sur la corde plantée dans le nez. Ca saigne et ça à l'air de faire mal, mais on est en Mongolie, donc ça fait partie de la vie. Il s'accroupit en 3 mouvements, grâce à ses 2 genoux par patte arrière. Puis on s'installe entre les 2 bosses, et il remonte en 3 mouvements, ce qui nous fait basculer en avant puis en arrière.

Tchou !


On marche une demi-heure avec la guide qui nous tient la bride. Je dirais que l'animal marche environ 2 fois plus vite qu'un homme. Par contre il ne fait que de péter et lâcher ses munitions. Et aussi ruminer.


Pause essayage du sable




Mise en selle

Pour le retour, on devient maître de notre animal. C'est facile à guider, il suffit de tirer son piercing nasal à droite ou à gauche. Et pour le faire courir, il faut dire "tchou !". On rentre donc en faisant la course. Pour franchir un ruisseau, il faut aussi dire "tchou !". C'est moche et sale, mais rudement pratique comme animal … Ca tient une semaine sans eau et un mois sans manger. Ca peut porter jusqu'à 250 kg de bagages et fournir jusqu'à 600 litres de lait par an. Et un chameau qui a super soif, ça peut boire jusqu'à 200 litres d'eau en un jour. Comme si c'était une voiture qui fait du lait, en fait.


Pour garer son chameau, on lui attache les pattes avant ensemble


La guide nous demande 5000₮ chacun, plus 5000 pour elle. On se fait avoir, sûrement dégoutée d'avoir été refusée par les 4 autres …

D'ailleurs, il nous faut partir rejoindre les 4 autres dans les dunes. On se cale d'abord avec des tartines de vache qui rit mongole. Aluk a déjà bien avancé dans la réparation, la roue a maintenant 4 vis sur 5.

On marche donc vers les dunes, qui paraissent plus près qu'elles ne le sont réellement. En fait, elles sont gigantesques, et elles sont très loin ! Comme tout est démesuré dans le Gobi, nos impressions sont faussées, et les notions du temps et de distance ne sont pas fiables.

En marche vers les dunes géantes : on quitte la zone de mini-dunes pour passer au champ


Les dunes de Khongoryn Els mesurent 300 mètres pour les plus hauts sommets. Elles forment une bande, qui s'étend d'ouest en est sur plus de 100 km, et large de 12 km.



On avance, on avance, mais les dunes restent toujours aussi éloignées


Et maintenant, passage de marécage, en sautant de motte de terre en motte de terre


C'est irréfutable, le désert de Gobi est bien plus humide et vivant qu'une gentille image que l'on peut se faire d'un petit désert.

Trouvaille


On arrive enfin au pied des dunes. Le sable est plutôt dur, avec une pousse verte de temps en temps. C'est absolument magnifique.

Ah, on a retrouvé les 4 autres



Ils rentrent déjà et on reste seuls avec Marco, seuls sur un petits tas d'approximativement 100 x 12 x 0,200 (en moyenne) x ½ = 120 kilomètres cube de sable.


On marche tout l'après-midi le long des crêtes. On n'avance pas bien vite, car entre chaque sommet il faut redescendre et regrimper.
Le petit vent fait voler le sable, on le voit surfer et épouser le contour des dunes.

Technique anti-sable-dans-les-dents


Après quelques gouttes de pluie



On aperçoit les gers au loin … toutes petites …



Les dunes sont gigantesques et infinies, et aussi vierges de toute trace humaine


Récapitulatif : je suis à la flèche verte, qui indique la bande des dunes. Cette Google map fait environ 220 km de large

Plus au sud, une autre chaîne de montagnes


Oasis embryo


Jeux d'ombres dans les recoins des dunes, tantôt jaunes, tantôt blanches



Il y a quelques rares arbustes dans les creux de certaines dunes. Je n'y fais aucune découverte sensationnelle, juste quelques insectes, un oiseau, et des crottes de chameaux. Et un petit os, mais après examen d'une spécialiste, ça serait plus une chèvre qu'un dinosaure.




La pluie fine vient aussi brusquement qu'elle s'arrête. On voit les nuages pleuvoir au loin, mais ils se déplacent vite. Un peu plus brusquement que les autres fois, le vent se lève et le sable tourbillonne autour de moi, dans tous les sens, j'en ai dans les yeux et il me scie les chevilles. Je décide de paniquer et de rentrer en courant, mais la tempête s'arrête avant, et qui plus est sur une note d'arc-en-ciel.


Tentative de courir plus vite que mon ombre







Le soleil finit par se coucher, et malgré les kilomètres parcourus de haut en bas dans les dunes avec Marco, nous n'avons croisé personne. J'ai la peau des orteils qui a fondu.


En tant que rois des dunes pour la journée, on se pose sur un sommet pour attendre le coucher du soleil violet.




Et là, ça devient stressant : il faut retrouver le van, à l'intuition, avant la nuit totale. On redescend vite fait, saute les marécages, traverse la rivière d'eau brune et arrivons de presque-nuit dans les arbustes des petites dunes. Un bon gueulage qui nous est retourné confirme qu'on avait visé juste et nous guide jusqu'au van.

Il repleuvine, donc c'est soirée cartes dans une tente. Mais on a quand même eu un paysage exceptionnel du haut des dunes. On finit par s'endormir avec du sable dans les cheveux et les oreilles …


Aucun commentaire: