Gobi (9) - Les chutes d'Orhon
Réveillé avant les autres, je quitte le campement seul et pars à l'attaque de la fameuse cascade. Déjà, je suis mal barré. Il a beau faire jour, je ne vois toujours pas l'endroit, et n'entends toujours pas le bruit des chutes.
Good morning Mongolia
Ayant atteint la rivière qui lui donne son nom, Орхон гол Orhon Gol, au milieu de cette vallée plate, je choisis de la longer en direction de la plus proche pente de montagnes, car il faut bien trouver un dénivelé de 25 mètres pour y caser la cascade.
Je défie les yaks à mes risques et périls
Après presqu'une bonne heure de marche, j'arrive à un petit amas de yourtes et constate qu'il n'y aura pas de cascade dans cette direction. Etrange ... Demi-tour, en prenant un bain au passage, dans la rivière bien froide.
Pas de cascade en vue
Ni montagnes abruptes ni bruits d'eau, je commence à douter de ce mauvais tour. Je remarque alors au loin le groupe de Mongols de la veille se diriger vers un endroit anodin. Je les suis.
Changement de rive
Et là, tout à coup, la cascade se présente à moi : Ulaan Tsutgalan a.k.a. Orhon waterfall
En réalité, la cascade de 25 mètres est belle et bien dans le plat de cette vallée. Invisible pour un marcheur à plus de 200 mètres, un brèche s'ouvre dans le sol et fait disparaître la rivière à l'étage inférieur. Une fois de plus, c'est absolument gigantesque.
Les autres touristes sont cette fois utiles pour témoigner de la grandeur du ravin
|
La rivière Orhon se jette dans cette cicatrice terrestre en formant un petit arc-en-ciel. Les 4 autres sont déjà en bas du bassin en train de pêcher. Pour les rejoindre, il faut faire un grand détour, jusqu'à un endroit où il est possible de descendre dans le creux. La cassure avec la surface terrestre est nette, comme si le sol s'était ouvert en 2 minutes sur le coup d'un tremblement de terre.
En bas, c'est un monde secondaire, avec ses grands arbres qui ne dépassent presque pas sur le "vrai" sol
Au pied de la cascade
J'ai du mal à rejoindre mes co-aventuriers. Ils sont encerclés par le groupe de Mongols qui dévorent des yeux les gestes d'Adrian. Il découpe et nettoie sa prise de 20 cm, qu'il appelle "fauvelle" (?). Ils sont tous émerveillés, eux qui mangent autant de mouton que les Japonais mangent de riz, mais qui apparemment n'ont pas l'habitude du poisson. Dans un pays avec 0 km de côtes, c'est compréhensible, mais leur étonnement surprend.
Adrian est au beau milieu
Je prends la ligne à mon tour, et au bout du 2nd lancé je ramène déjà mon salaire de chasseur.
Miam miam …
Avant de perdre nos leurres, on a un total de 4 prises. Comme le décor m'invite prestement à faire un petit tour dans l'eau, je saute dans le bassin nager jusqu'à l'arc-en-ciel au pied de la cascade. Mais c'est quand même grand, et surtout l'eau est glaciale. Je fais demi-tour au milieu de la piscine naturelle quand je sens mes mains et pieds s'engourdir par congélation, avant de me retrouvé paralysé.
On peut alors rejoindre le van cuisiner nos poissons et presque tout ce qu'il nous reste comme vivres.
Bye bye waterfall
Retour au campement, pris dans un escadron de yaks
Les yaks passent juste devant nous sans détourner leur trajectoire. Je ne sais pas vraiment d'où sort ce bruit, mais il semble qu'ils pètent toutes les 2 secondes.
Comme on finit notre eau potable, on doit en prendre depuis la rivière. On la débactérise car même si l'endroit semble parfaitement naturel, il y a des petites mousses qui s'amoncellent le long des rives à cet endroit.
On reprend la même route chaotique pour une à deux heures. Assis devant, Aluk me montre qu'il appuie à fond sur la pédale de freins sans que cela ne provoque une quelconque réaction sur le van. On en rit, après tout, tout le reste est déjà cassé.
On s'arrête dans un village, où plutôt un amas d'habitations qui ne semblent pas bien vouloir vivre ensemble.
Que serait-on devenu s'il n'y avait pas le démineur et le solitaire dans Windows ?
Ce cochon semble être le passant du jour dans la grande rue
|
Bar – karaoké ?
Il y a aussi des filles/femmes en lunettes extra wide D&G et jean fashion. Mais après 9 jours de route, nous comprenons le quotidien d'un Mongol sur la route : on achète du chocolat infect, une bouteille de vodka, et c'est reparti.
En chemin, Aluk croise un autre van et il nous ramène un legs, un lambeau de viande et de gras, des côtes, qui puent, et que malgré notre bon entraînement mongol, on ne peut pas considérer comme un don des dieux simplement parce qu'il s'agit de viande.
La fin de journée nous amène sur les traces de Karakorum. A près de 400 km à l'ouest d'Oulan-Bator, cette ville était l'ancienne capitale de l'empire Mongol.
Хар Хорум Kharkhorin, nous voilà
On se gare dans l'herbe, à quelques mètres du mur de l'enceinte mythique, pour y planter les tentes. Comme si on campait librement dans le parc du Kiyomizu-dera ou dans les jardins de Versailles, sauf qu'ici, le patrimoine culturel n'est pas aussi important que le gras de la viande.
L'enceinte de stupas autour du monastère
Aluk nous quitte pour aller dormir chez une de ses connaissances. Pour notre dernière nuit du périple, claqués, on s'accorde à l'unisson pour manger les vivres pas cuites et dormir dans le van au lieu des tentes. De toute façon, le vent trop fort qui se lève nous empêche de les monter, à part celle des Allemands (qui ont toujours du bon matériel). Marco sur les sièges avant, les 2 filles dans le coffre et moi sur la banquette arrière, pour une dernière nuit en nomades.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire